Le programme de formation-recherche se propose d’examiner sur la période allant de la Renaissance au XXe siècle, l’évolution historique et contextualisée des savoirs et savoir-faire à l’œuvre dans la production des arts visuels et de l’architecture ainsi que des discours les accompagnant. Ce programme croisera autour de ce thème les disciplines de la sociologie, de l’histoire, de l’histoire de l’art et de l’histoire des sciences ; il profitera en particulier de l’enrichissement mutuel de la tradition allemande de la science des images (Bildwissenschaft) et de l’histoire sociale des arts et des savoirs. La société occidentale a établi les images, mais également de nombreux artefacts engagés dans des processus d’artification comme l’architecture, en qualité de témoignage d’une connaissance du monde. Cette connaissance ne constitue pas seulement un moyen d’appropriation du monde, mais elle a également été fréquemment érigée en instrument de pouvoir. L’élaboration et la transformation historique de cette connaissance est fondée sur des mécanismes à double sens : d’une part l’appropriation, par les artistes, des savoirs habituellement extérieurs au champ de l’art ; et d’autre part l’assimilation, dans le domaine des sciences, d’images ou d’artefacts contribuant tant aux processus d’expérimentation qu’à l’invention d’idées ou de théories nouvelles. Ces deux mouvements étant indissociables. Dans quelle mesure les productions artistiques renforcent-elles ou contestent-elles l’emprise des corps sociaux sur le réel ? Quelles sont les dynamiques mises en œuvre par certains groupes (professionnels, politiques, académiques …) dans le processus qui fait d’un simple objet, une œuvre d’art, devenant alors véhicule d’un savoir ? Les œuvres témoignent-elles de savoirs spéculatifs ou opératoires ? Cette caractéristique est-elle lisible dans les discours des artistes sur leur travail ou résulte-t-elle d’une construction extérieure au domaine des producteurs ?