Pratiques et productions culturelles en RDA

Allemagne d'aujourd'hui
Un dossier publié sous la direction de J. Poumet.
ISBN 10 : 2-85939-957-7 - ISBN 13 : 978-2-85939-957-3 ISSN~:~0002-5712
Ce dossier sur les « pratiques et productions culturelles en RDA » rassemble des contributions présentées dans le cadre d’un programme de formation-recherche du Centre Interdisciplinaire d’Etudes et de Recherches sur l’Allemagne (CIERA). Inauguré par un colloque franco-allemand organisé à Berlin en Mars 2005, poursuivi par des journées d’étude consacrées aux grands axes de la recherche sur la RDA, ce programme a permis de mettre en relief les approches développées par la recherche française sur la RDA et de les confronter aux méthodes et aux objectifs de la recherche allemande. Le régime est-allemand a toujours accordé une grande importance au champ culturel, considéré à la fois comme un élément de l’espace public et comme un enjeu d’identité nationale. Sous l’un et l’autre aspect, la culture revêtait une importance stratégique aux yeux du SED, qui a développé des efforts constants pour contrôler l’espace culturel. Pendant les quarante ans d’existence de la RDA, le discours officiel sur la culture et sur ses acteurs privilégiés s’est modifié, des glissements se sont opérés dans la définition des objectifs de la production culturelle, dans celle des rapports entre l’héritage et l’innovation, dans la conception des formes d’expression propres à une culture socialiste. Ces évolutions n’ont pas entamé la prétention fondamentale du SED à définir le cadre de l’activité culturelle, à en tracer les limites et à en surveiller les diverses manifestations. L’aspect institutionnel a été un élément important du complexe culturel. Il faut rappeler ici le rôle central dévolu dès l’origine à l’entreprise dans la mise en œuvre d’une vie culturelle correspondant à la nature et aux besoins d’une société socialiste. C’est à ce niveau que devait s’organiser la mise en contact du plus grand nombre avec les différentes formes d’expression culturelle , et que devaient être renforcés par une politique de commandes les liens entre le monde de la production et celui de la culture. Les études de cas montrent l’aspect formel qui a souvent caractérisé cette vie culturelle organisée par le pouvoir, et le caractère ambigu de toutes les institutions culturelles dont la prolifération servait autant les besoins d’une politique de contrôle que ceux d’une politique de développement culturel. La conception de ce qu’est une culture populaire a évolué de façon importante, et non sans à-coups. Dans les années cinquante, marquées par la fermeture aux influences étrangères, l’accent est mis sur la mise en valeur du patrimoine et de la tradition allemande, pour autant que celle-ci reste accessible à tous et ne reproduit pas le divorce entre culture de l’élite et culture de masse. En revanche, dans les années quatre-vingt, l’exemple de la musique montre clairement qu’il ne peut plus y avoir de culture populaire sans l’assimilation de courants internationaux. Pendant la majeure partie de l’histoire de la RDA, les cinéastes, peintres, écrivains et musiciens, conscients de la stérilité qu’entraînerait un repli sur soi, ont dû jouer une partie difficile entre la frilosité des autorités, plus promptes à endiguer les apports extérieurs qu’à les favoriser, et la nécessité de renouveler par des apports nouveaux les productions culturelles de RDA. Dans un espace public investi par le pouvoir et corseté par un langage fortement codifié et contraignant, les différents secteurs de l’activité culturelle ont vu se développer à un degré élevé toutes les formes de double sens, de compréhension à demi-mots et de connivence avec le public. La question se pose de savoir quel a été l’impact réel de cette forme de communication. L’effet subversif d’un énoncé, d’une représentation s’apprécie-t-il de la même manière avant et après 1989 ? Les protagonistes eux-mêmes donnent à cette question des réponses diverses. L’existence d’une censure qui ne disait pas son nom a induit de nombreuses stratégies de contournement ou d’évitement dont le caractère de plus en plus massif dans les années quatre-vingt met en évidence la désorientation croissante de la politique culturelle et la perte de crédit des autorités culturelles. Après 1990, la vie culturelle et les productions culturelles de RDA ont fait l’objet en Allemagne de débats très médiatisés qui ont focalisé l’attention sur les mécanismes répressifs et les processus d’allégeance au pouvoir. Les productions culturelles de la RDA ont connu une phase de dévalorisation générale, ponctuée de débats à tonalité fortement polémique. Une évolution se dessine aujourd’hui dans le sens d’un traitement plus différencié. Les contributions présentées ici ne peuvent couvrir dans cet espace restreint tout le champ des productions et pratiques culturelles. Elles apportent à la lumière des recherches actuelles des éclairages récents sur des secteurs représentatifs de l’activité culturelle en RDA
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