Les marchés de l'expertise et la médiatisation

Atelier organisé par Heinrich Hartmann (Freie Universität Berlin/Frankreichzentrum) , Pascale Laborier, Petra Overath, Sabine Rudischhauser, Jakob Vogel (Centre Marc Bloch, Berlin), Philippe Bongrand, François Buton (CURAPP, CNRS-UPJV, Amiens), Florent Champy (CESTA/EHESS, Paris), avec le soutien du Centre Interdisciplinaire d’Etudes et de Recherches sur l’Allemagne (CIERA). Le cinquième atelier sur l’expertise et les experts se propose de reprendre les thématiques traitées dans les séances précédentes en centrant l’analyse sur la relation entre demande de savoirs experts dans la sphère publique et production de savoirs. Il est souvent admis que le savoir scientifique, i.e. produit dans le champ scientifique, ne devient expert qu’à condition de dépasser les logiques propres (ou supposées telles) du champ scientifique (objectivité, neutralité, désintéressement) : l’expertise étant un savoir engagé, la demande de savoir expert altère nécessairement le savoir lui-même. Mais le champ scientifique n’a plus aujourd’hui le monopole de la production du savoir. On assiste dans différents domaines de la vie publique et de l’action publique, à la prolifération des offres d’expertise, voire, pour certains domaines, à la création d’un marché de l’expertise où une offre diversifiée – monde académique, administrations, think tanks, cabinet de conseil – semble en mesure de créer la demande de savoir. La diffusion massive de l’impératif de « compétence » dans la production des discours publics favorise en outre la prolifération des spécialistes et experts dans le champ médiatique, et amplifie les logiques de concurrence dans le marché de l’expertise, tout en relativisant la dimension scientifique du savoir produit. L’atelier propose donc d’ouvrir le débat, notamment à partir de l’enjeu politique, médiatique, social de la sécurité (publique, sanitaire). Dans quelle mesure l’expertise s’est-elle adaptée aux changements structurels de la sphère publique, survenus au cours du XXe siècle ? Qui sont les experts ès « problèmes de sécurité » auprès des décideurs publics ? Comment caractériser dans ce domaine la configuration de l’expertise entre différents pôles (académique, administratifs, privé) eux-mêmes fortement polarisés (par exemple l’opposition entre justice et police au sein de l’État) ? Cette configuration fait-elle système ou champ (quelle indépendance vis-à-vis des commanditaires) ? Quels sont les effets de la médiatisation de certains experts et certaines expertises sur cette configuration ? En quoi, en retour, une parole en tant qu’expert dans les médias peut-elle faire office d’énoncé performatif qui institue l’expert davantage qu’elle ne le sollicite ? Assiste-t-on à des phénomènes d’accumulation et/ou de différenciation des capitaux et compétences des experts ? La consistance propre des savoirs scientifiques sur les problèmes de sécurité est-elle affectée par la demande administrative ou médiatique d’expertise ?

Dates

28 et 29 juin 2007

Lieu

Berlin, Frankreichzentrum de l’université libre

Contact

Jan Krimphove, jakImage removed.cmb.hu-berlin.de
Publié le