La Question sociale à l’ordre du jour : Sociétés et économie entre représentations et conceptualisation : France/ Allemagne 1830-1848

Dans le cadre d’un programme de formation-recherche du CIERA intitulé L’héritage des Lumières à l’époque du Vormärz : conflits, stratégies, réseaux et matérialité (1830-1848), le CIRLEP EA 4299 organisera des journées d’études, les 25 et 26 novembre 2016, à l’Université de Reims. Le terme Question sociale, présent dans les discussions menées en France dès le début du XIXe siècle, fait son apparition en Allemagne à l’époque du Vormärz. En 1840, Heine l’emploie dans sa rubrique Pariser Korrespondenz dans le journal Augsburger Allgemeine Zeitung. Souvent associé aux concepts de « matérialisme » et de « paupérisme », il traduit la volonté de cerner et d’expliquer les mutations sociales engendrées par les débuts de l’industrialisation. La conscience de crise qui domine la réflexion philosophique et politique de l’Entre-Deux-Révolutions 1830-48 oscille entre les extrêmes. Les prises de position vont d’une actualisation de l’Aufklärung (Heine) à la condamnation univoque de celle-ci au nom des traditions séculaires (F. J. Buß). Les propositions formulées pour remédier à la crise sociale engagent l’héritage laissé par l’Aufklärung, qu’il s’agisse de la théorie économique (caméralisme) ou de la théorie politique (libéralisme). Comment peut-on changer le statu quo des sociétés figées dans le paupérisme et l’immobilisme politique ? Des réformateurs sociaux se consacrent à l’« amélioration de la société », de part et d’autre du Rhin. Pour la figure de proue du libéralisme bourgeois en Allemagne du Sud, Karl von Rotteck, une question résume toutes les autres : « die Frage nach Verbesserung des gesellschaftlichen Zustandes » (Lehrbuch des natürlichen Privatrechts, 1829, IX). Du point de vue de Rotteck, les réformes envisagées doivent se mettre en conformité avec le droit existant. Du même constat, d’autres doctrines socio-économiques tirent cependant des conclusions politiques autrement plus radicales: fouriérisme, saint-simonisme, proudhonisme, socialisme pré-marxiste etc. La manifestation qui se tiendra à Reims portera sur les transferts d’idées et de concepts entre la France et l’Allemagne et ce qui mettra en évidence les changements de paradigmes entre siècle des Lumières et Vormärz. A partir de quelles représentations de la société ces réformateurs sociaux ont-ils essayé de répondre à la Question sociale et ainsi imbriqué enjeux socio-économiques, politiques, philosophiques… ? Il sera possible d’aborder également cette question à partir d’autre supports de textes – par exemple à partir de romans sociaux, de pièces de théâtre, de poésies aux accents prérévolutionnaires, de chansons de compagnons, de refrains populaires…-, qui, eux aussi, mettraient en perspective la crise des années quarante. Merci d’envoyer des propositions de communications d’ici le 15 juillet 2016 aux organisateurs de la journée d’études, accompagnées d’un résumé (10 lignes max.) :

 

Wolfgang Fink et Thomas Nicklas: (wolfgang.fink@wanadoo.fr) (thomas.nicklas@univ-reims.fr)

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