Quo vadis Zeitgeschichte ?

Argumentaire

L’émergence et l’enracinement désormais incontestable de l’histoire du temps présent en France et de la Zeitgeschichte en Allemagne sont étroitement liés au besoin de prendre en charge l’histoire des catastrophes du XXe siècle. De part et d’autre du Rhin, les historiens ont massivement réinvesti le temps présent compris comme « époque partagée par les contemporains » (H. Rothfels) à la fois comme terrain d’enquête scientifique et comme champ de réflexion épistémologique, contribuant par là-même au rayonnement international actuel de cette sous-discipline. Ce processus a indéniablement constitué une des évolutions majeures de la discipline historique en France et en Allemagne au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Bien que cette démarche se soit inscrite dans un contexte national propre, des questions communes ont été soulevées de part et d’autre du Rhin, sur la validité et la définition du temps présent, sur la place du témoin et de l’événement (la plupart du temps traumatique), sur le rôle social des historiens et les usages politiques de la mémoire. En ce début de XXIe siècle, dans le sillage du transnational turn et des bouleversements induits par la digital history, l’histoire du temps présent est entrée dans une ère nouvelle pleine de défis méthodologiques, thématiques et pratiques. Depuis novembre 2012, un Programme de formation-recherche du CIERA dirigé par Hélène Miard-Delacroix, Emmanuel Droit et Frank Reichherzer associe des doctorants français et allemands dans le but de s’interroger sur les nouvelles façons de penser, de travailler et d’écrire l’histoire du temps présent : Quo vadis Zeitgeschichte ? Pour répondre à cette question, nous organisons une conférence qui clôt ce Programme composé précédemment de trois journées d’études organisées entre novembre et 2012 et octobre 2013. Nous invitons des jeunes chercheurs français et allemands (doctorants et post-doctorants) à soumettre des propositions de contributions théoriques et/ou empiriques en lien avec les thématiques suivantes :

La généalogie du temps présent ou l’histoire du temps présent comme perspective

L’histoire du temps présent a déployé beaucoup d’efforts à prendre en charge la « dernière catastrophe » (H. Rousso), c’est-à-dire le traitement scientifique d’un moment de violence paroxystique et plus encore de son impact postérieur dans les corps et les mémoires. Sous une autre terminologie, l’histoire immédiate se définit comme la partie terminale de l’histoire contemporaine circonscrite par la présence de témoins vivants. Or, d’autres approches, d’autres perspectives sur le temps présent sont possibles, notamment celles qui ne se réfèrent pas à un événement inaugural traumatique mais aux conditions actuelles de notre temps présent (H-G. Hockerts). Quelles sont les conséquences et les possibilités épistémologiques de cette autre histoire du temps présent ? Quelles sont les conséquences méthodologiques qu’implique cette perspective ? Quels champs thématiques peuvent être ainsi couverts ? Quelles sont les implications d’une telle perspective pour les liens entre l’histoire du temps présent et les autres sciences sociales ?

L’histoire du temps présent comme une histoire principalement audio-visuelle

Le temps présent est étroitement lié à la civilisation de l’image. Or, depuis ses débuts, les sources de l’histoire du temps présent du XXe siècle se divisent principalement en deux grandes catégories : les sources écrites et les sources orales. Aujourd’hui, à l’ère des mass media, d’Internet et des chaînes d’informations en continu, comment l’historien du temps présent mobilise-t-il les sources audio-visuelles ? Quelles méthodes et quels concepts issus des sciences de la communication et des médias peut-il emprunter et adapter à ces questionnements historiques ? Quelle est la plus value de ce type d’archives et dans quelle mesure ces sources permettent-elles d’ouvrir ou de couvrir de nouveaux champs thématiques, voire de réinterpréter des événements ou des processus historiques ?

L’histoire du temps présent comme histoire numérique

La révolution numérique constitue un bouleversement épistémologique majeur pour les historiens du temps présent qui ont désormais, via Internet, accès à une masse inédite de documents dématérialisés, communiquent entre eux à distance et peuvent rapidement diffuser des résultats de recherche. Dans quelle mesure la révolution numérique contribue-t-elle à repenser le métier d’historien du temps présent ? Comment allons-nous désormais travailler avec des sources produites sur les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter ? L’historien du temps présent va-t-il se transformer en « historien de cabinet » assis toute la journée devant son ordinateur ? Que reste-t-il du « goût de l’archive » dans un contexte de dématérialisation des sources ?

Date du colloque

1er et 2 octobre 2014

Modalités de candidature

Les propositions de contributions en langue française ou allemande (environ 3000 signes maximum espaces compris), accompagnées d’un CV scientifique (une page maximum) sont à envoyer au plus tard le 1er juin 2014 aux organisateurs du colloque: (helene.miard-delacroix@paris-sorbonne.fr), (emmanuel.droit@uhb.fr), (frank.reichherzer@hu-berlin.de) Ces propositions devront faire apparaître les éléments centraux de l’argumentation, le corpus ou terrain, la méthode. Les auteurs sélectionnés seront avertis au plus tard le 20 juin 2014 et verront leurs frais de transport et d’hébergement pris en charge. Ils seront invités à préparer des interventions d’une durée de 30 minutes qui seront suivies de commentaires.

Comité scientifique

- Emmanuel Droit (Université Rennes 2) - Stefan Martens (Institut Historique Allemand de Paris) - Hélène Miard-Delacroix (Université Paris-Sorbonne) - Frank Reichherzer (Humboldt-Universität zu Berlin)

Lieu

Institut Historique Allemand de Paris, 8 Rue du Parc Royal, 75003 Paris Paris, France (75)

Délai

01 juin 2014

Contacts

- Emmanuel Droit (emmanuel.droit@uhb.fr) - Hélène Miard-Delacroix (helene.miard-delacroix@paris-sorbonne.fr)
Publié le

Date

Délai

Documents

2014_10_01_quo_vadis_zeitgeschichte.pdf

Liens

Compte rendu