Paix confessionnelle, paix civile et leurs conséquences idéologiques et politiques : 2. De la «guerre juste» à la «paix juste».

La paix conclue lors des négociations de 1645-1648 a pu être qualifiée de "paix juste" : la réflexion sur la distinction entre guerre et paix s'étant progressivement modifiée au cours de la guerre de Trente Ans et les instincts belliqueux ayant été dénoncés, les traités de paix de Westphalie ont comblé les lacunes de 1555. Illustrant le constat que les monarchies reposaient plus sur les "lois" que sur les personnes, ils ont offert des garanties juridiques fondamentales. Bien qu'ils constituent un point de non-retour, ils ont été fragilisés de l'intérieur par les appétits absolutistes des princes du Saint Empire et de l'extérieur par les ambitions hégémoniques des dynasties européennes. La guerre trouva de nouveaux fondements dans la mesure où l'on insista de plus en plus sur la "cause" à défendre et donc sur l'identité prêtée à l'adversaire qui, d'hérétique ou rebelle, devint progressivement, au XVIIIe et au XIXe siècle surtout, l'ennemi de la nation. Il y a eu inadéquation entre d'une part les théoriciens de la paix (de Leibniz à Kant), assimilant la paix tantôt à l'état de nature tantôt au contraire à un état dérivé, celui d'abstentia belli, et d'autre part les chantres des conflits, au nombre desquels figurent des pasteurs qui décèlent dans les victoires la possibilité de manifester une supériorité luthérienne. Les divergences entre luthériens, puisque les uns se classaient parmi les chrétiens pacifistes alors que d'autres s'affirmaient comme des citoyens patriotes adeptes d'une forte présence militaire, ont incité des théologiens du XIX siècle, de Vilmar à Naumann, à distinguer de plus en plus la sphère privée de la sphère publique. Cette distinction se retrouvera même chez des opposants et des résistants au Troisième Reich comme on le constate en comparant les positions de D. Bonhoeffer et de Karl Barth; elle sera également au cœur des débats pendant la Guerre froide entre adeptes ou détracteurs du réarmement sous Adenauer, ou encore, dans les deux Etats allemands, à propos de la double décision de l'OTAN au début des années 1980.

Horaires


10h - 17 h

Lieu


Université de Toulouse Le Mirail, Maison de la recherche

Comité scientifique


Jean-Louis Breteau (Toulouse 2), Patrick Cabanel (Toulouse 2), Jean-Paul Cahn (Paris 4), Rémy Cazals (Toulouse 2), François Genton (Grenoble), Françoise Knopper (Toulouse 2), Gérard Laudin (Paris 4), Anne-Marie Saint-Gille (Lyon 2), Johannes Tuchel (Berlin).

Contact


Françoise Knopper, fa.knopperImage retirée.wanadoo.fr
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