Sociétés allemandes: gérer les crises dans les années 1970

Séminaire de M1 et M2 organisé par Corine Defrance (IRICE, CNRS/Paris 1), Jörg Echternkamp (Militärgeschichtliches Forschungsamt, Potsdam), Mark Spoerer (Institut historique allemand de Paris). Des lundis de 14 à 16 heures, en Sorbonne au 1er semestre (Institut Pierre Renouvin, 1, rue Victor Cousin, Galerie J.B. Dumas, escalier L, 1er étage, salle F 603), à l’Institut historique allemand (8, rue du Parc Royal, 75003 Paris) au second semestre Ce séminaire se propose d’analyser la fracture de la société allemande, caractéristique de l’Allemagne d’après 1945, et de s’interroger sur les liens de causalité entre division et « après-guerre » : en effet, il est fréquent, dans l’historiographie allemande et même au-delà, de considérer que la Réunification marque le terme de « l’après-guerre ». Or, d’une part, la division de l’Allemagne ne faisait pas partie des exigences des vainqueurs en 1945, d’autre part, les citoyens est- et ouest-allemands, bien avant le tournant de 1989/90, avaient le sentiment de vivre dans des « sociétés normalisées » qui n’étaient plus dominées par la problématique de la « sortie de guerre ». L’objectif du séminaire est de contribuer à mieux définir la notion d’« après-guerre » et de « société(s) d’après-guerre », d’appréhender le processus de transition qu’est la « sortie de guerre », en recherchant les phénomènes de ruptures et de continuités autour des césures habituellement convenues. Dans le cas de l’Allemagne, la question de la scission en deux sociétés ouest- et est-allemandes, et des imbrications et interactions qui perdurent entre elles, même après la construction du Mur de Berlin, est au cœur du problème. Aujourd’hui, l’histoire de l’Allemagne ne peut plus être appréhendée comme la juxtaposition de l’histoire de la RFA et de celle de la RDA, mais se présente comme une « histoire intégrée » afin de mettre en lumière les liens qui perdurent, les phénomènes de rejet, de réactivité et de concurrence. Les années 1970 signifient pour les deux États allemands la fin des illusions. Comme dans la plupart des autres pays européens les taux de croissance économiques chutèrent et le chômage s’accrut. Si l’on en rendit d’abord responsables les deux crises pétrolières des années 1973/71 et 1979/80 , il s’avéra ultérieurement, et de façon rétrospective, que la phase de reconstruction et de rattrapage de croissance, qui avait commencé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, était définitivement terminée. La fin des „années d’or“ se traduisit par une mutation profonde des structures et des mentalités, dépassant très largement la sphère économique. En Allemagne de l’Ouest, « l’optimisme de la planification », caractéristique de l’après-guerre céda le pas à un sentiment d’incertitude qui s’empara de tous les domaines de la société. Le développement de l’État providence fut ralenti et les analyses du Club de Rome remirent en cause, sur la base d’arguments écologiques, la pertinence d’une croissance économique continue. La question de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire devint le symbole du conflit entre l’économie et l’écologie, diffusant ainsi un certain sentiment d’insatisfaction dans la société de consommation et dans les catégories socio-professionnelles supérieures. Alors qu’une partie de l’opposition extra-parlementaire de la fin des années 1960 et des participants au événements de 1968 rejoignirent le SPD ou retrouvèrent dans le mouvement pour l’environnement une nouvelle « famille politique », une petite minorité se radicalisa. Le terrorisme de la Fraction Armée Rouge tint la RFA en haleine tout au long des années 1970. Les dirigeants de la RDA tentèrent de tirer profit de ces tensions sociétales, mais ne purent offrir à leurs compatriotes un standard de vie comparable à celui de la RFA, qui, à l’Ouest, était remis en cause par le mouvement de protestation. Le Traité fondamental de 1972 (entre la RFA et la RDA) marqua le rapprochement des deux États allemands, qui aurait encore été impensable du temps de la politique à l’Est menée par Adenauer. Le processus de détente qui se poursuivit par la conclusion des accords d’Helsinki en 1975 conduisit à un certain assouplissement de la concurrence entre les systèmes – mais sur le moment à une radicalisation idéologique en RDA –, assouplissement qui, sur le plus long terme, devait profiter à l’Ouest. Afin de mieux saisir la complexité de ces sociétés allemandes, une approche à perspective multiple et pluridisciplinaire est retenue abordant les domaines politiques, militaires, économiques, culturels et socio-culturels. Le cercle des intervenants ne se limite pas aux historiens, mais comprend également des germanistes et des politologues afin de présenter certains des principaux aspects de ces évolutions.

1er semestre

- 19 octobre 2009 : séance de présentation du séminaire (réservée aux étudiants de master) - 2 novembre 2009 : Jean-Paul Cahn (Paris IV) et Ulrich Pfeil (Saint-Étienne) : « Les deux Allemagnes dans les années 1970 » - 16 novembre Marcel Boldorf (Bochum/Berlin), « L’Etat providence et les deux Allemagnes » - 7 décembre 2009 Reiner Marcowitz (Metz), « Les relations politiques, les accords d’Helsinki et les deux Allemagnes » (titre à préciser) - 11 janvier 2010 Jean-Pierre Dormois (Strasbourg), « Économie dans les deux Allemagnes » - janvier 2010 : séance consacrée aux travaux des étudiants de master

2e semestre

- 22 mars 2010 Hélène Miard-Delacroix (Paris IV), « Le défi terroriste dans les années 1970 » - 29 mars 2010 Jean-Pierre Dormois (Strasbourg), « L’économie dans les deux Allemagnes » - 12 avril 2010 Stefan Grüner (Augsburg), « Les changements socio-économiques dans les deux Allemagnes » - 3 mai 2010 Édouard Husson (Amiens) , « La maîtrise du passé dans les deux Allemagnes dans les années 1970 » - 10 mai 2010 Winfried Heinemann (MGFA, Potsdam), « La détente en tant que menace pour la RDA »
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