L’anthropologie philosophique – Tradition et actualité dans le contexte franco-allemand

L’Anthropologie philosophique constitue dans la pensée contemporaine un paradigme sui generis qui semble promis aujourd’hui à une actualité nouvelle. Le projet se fixe pour objectif d’en étudier la spécificité et l’actualité dans une double perspective : historique et franco-allemande. Bien qu’elle se soit affirmée en Allemagne à partir de la deuxième moitié des années vingt avec les publications de Scheler, Plessner et Gehlen, sa genèse est indissociable d’un débat avec la philosophie française (= sous-projet I). L’Anthropologie philosophique s’est imposée à la fois contre la philosophie de la Vie et contre le cartésianisme. La réception de Bergson, qui dominait les discussions philosophiques depuis le tournant du siècle, est l’une des clefs de sa genèse. C’est au premier chef à ce chapitre encore insuffisamment étudié que s’intéressera le projet. Dans les décennies suivantes, cette approche spécifique a été éclipsée par des courants sociologiques et politiques plus visibles, en particulier l’Ecole de Francfort, mais elle n’a pas perdu pour autant son influence souterraine – dont on peut suivre les traces jusqu’à Habermas, Luhmann, Blumenberg ou encore Sloterdijk. Réintégrer l’influence de l’Anthropologie philosophique dans l’histoire des idées du 20e siècle devrait permettre – c’est le deuxième objectif – de corriger profondément l’image tronquée qu’on se fait de cette histoire (= sous-projet II). Et si l’on part de l’hypothèse que l’impulsion de l’Anthropologie philosophique a été éclipsée mais n’a pas disparu, alors la question se pose de savoir ce qu’a pu devenir le « passé français » de cette « science allemande ». C’est ce à quoi est consacré le troisième sous-projet, qui s’interroge sur les formes différentes qu’a prises en Allemagne et en France (philosophie du désir, biopolitique) la pensée philosophico-anthropologique et sur les ressources qu’elles offrent aujourd’hui à une science de l’homme confrontée au défi auquel l’Anthropologie philosophique voulait d’emblée répondre : l’entrée dans « l’âge biologique ». Une partie importante des travaux du Groupe de recherche sur la culture de Weimar porte sur l’histoire des disciplines (travaux sur l’historisme, sur l’histoire de la science politique, sur les relations entre droit et science politique, sur les sciences de la culture). L’inscription du PFR sur l’anthropologie philosophique dans le cadre thématique « Identités, frontières et intégration européenne » correspond à l’approche croisée franco-allemande (transferts et réceptions) qui est appliquée cette fois à l’histoire d’un courant de pensée présentant une double caractéristique : d’une part, une interdisciplinarité transgressant les frontières entre les disciplines jusqu’à prétendre constituer une « méta-discipline »; d’autre part, une forte empreinte nationale (on a parfois parlé de « science allemande ») incitant à s’interroger sur les différences (et les relations) entre l’histoire des idées en France et en Allemagne au 20e siècle.

Organisation

Gérard

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Établissement organisateur
Sorbonne Université - Lettres
Établissements partenaires
Universität Dresden, Maison des Sciences de l'Homme (MSH)

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