L’Anthropologie Philosophique

L’Anthropologie philosophique constitue dans la pensée contemporaine un paradigme sui generis qui semble promis aujourd’hui à une actualité nouvelle. Le projet de recherche dans lequel s’inscrit ce séminaire* se fixe pour objectif d’en étudier la spécificité et l’actualité dans une double perspective : historique et franco-allemande. Bien qu’elle se soit affirmée en Allemagne à partir de la deuxième moitié des années vingt avec les publications de Scheler, Plessner et Gehlen, la genèse de l’Anthropologie philosophique est indissociable d’un débat avec la philosophie française. L’Anthropologie philosophique s’est imposée à la fois contre la philosophie de la Vie et contre le cartésianisme. La réception de Bergson, qui dominait les discussions philosophiques depuis le tournant du siècle, est l’une des clefs de sa genèse. C’est au premier chef à ce chapitre encore insuffisamment étudié que s’intéressera le séminaire. En liaison étroite et en collaboration avec l’Institut de sociologie de l’Université de Dresde le séminaire portera sur la genèse franco-allemande de l’Anthropologie philosophique. Le cœur de cette recherche archéologique est constitué par l’impact extrêmement productif de la réception de la « philosophie de la Vie » de Bergson (ou de ce qui a été perçu comme tel à l’époque). Cette réception s’inscrit dans un contexte de débats théoriques (notamment avec l’évolutionnisme) et philosophiques (avec le « cartésianisme ») qui constituent l’archive de la pensée européenne des deux premières décennies du 20e siècle. Elle requiert une reconstruction de l’anthropologie philosophique implicite de Bergson. Il s’agit de montrer comment et en quoi l’Anthropologie philosophique allemande doit en partie son existence à la « philosophie de la Vie » française, c’est-à-dire pourquoi Bergson, qui était au cœur des débats philosophiques européens avant 1914, a été le facteur déclenchant, en particulier avec L’Evolution créatrice de 1907 – qui contient déjà en germe une Anthropologie philosophique anti-cartésienne. Scheler, mais aussi Simmel, se sont immédiatement engagés pour une traduction allemande (elle parut en 1912).
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