La Lebenswelt (le « monde vécu ») est-elle devenue une mode parmi les historiens allemands ? En tout
cas, ce concept jouit depuis quelque temps d’une grande faveur. Il est décliné en « Lebenswelten urbaines » ou « villageoises », on parle même des « Lebenswelten de l’armée à l’époque moderne ». Tout se
passe comme si la Lebenswelt était en train de devenir pour les historiens allemands ce que la mentalité a
longtemps été pour leurs collègues français et ce que recouvre aujourd’hui le recours à la « dimension anthropologique » : un concept extensible et polyvalent qui, en apparence, peut être appliqué à de nombreux
domaines.
On aurait cependant tort d’en conclure que ce concept, invoqué sans réflexion, ne serait là que pour sacrifier
à la mode et serait donc interchangeable avec d’autres notions comme celles de « quotidien », de
« culture populaire », d’« expérienceé », de « signification » ou, justement, de « mentalité ». Lebenswelt a
une histoire précise : le terme a reçu son onction scientifique dans la phénoménologie d’Edmund HUSSERL.
À sa suite, Alfred SCHÜTZ en a fait un concept central de la sociologie du savoir qui pose la question de ce
que les hommes « savent » dans leur vie quotidienne, en-deçà de toute élaboration théorique. Reprenant
le modèle de Schütz, Peter BERGER et Thomas LUCKMANN ont renforcé la dimension sociale du concept. Ils
ne parlent plus de Lebenswelt, mais du « savoir quotidien et banal dans le monde de tous les jours », excluant
ainsi explicitement le savoir théorique et intellectuel pour se concentrer sur le seul savoir qui régule
les comportements dans la vie quotidienne.
Cet arrière-plan du concept de Lebenswelt, échafaudé par la sociologie du savoir, est cependant peu présent
dans l’usage qu’en font les historiens. Ils s’en servent au contraire pour désigner une constellation aux contours
assez flous, rassemblant les attitudes devant la vie, les expériences, les routines, les attentes, les savoirs
traditionnels et leur transmission, les normes, les valeurs, la perception de soi et des autres. La Lebenswelt
tend ainsi à devenir un « logo » consensuel qu’arborent tous ceux qui partagent le souci
d’élaborer une méthode pour étudier les logiques de l’agir social, tout en venant d’horizons intellectuels
différents.
Hôtel Duret-de-Chevry
8, rue du Parc-Royal
75003 Paris
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Falk BRETSCHNEIDER, Christophe DUHAMELLE, Patrice VEIT, Michael WERNERDate et horaires
13 juin 2008, 10h-18hLieu
Institut historique allemand ParisHôtel Duret-de-Chevry
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75003 Paris
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