L’art de la civilité épistolaire de C.F. Gellert à G. Grass

Colloque organisé à Toulouse les 11 - 13 mars 2015 par le CREG (Centre de Recherches et d’Etudes Germaniques) en coopération avec le CIERA. L’art de la civilité épistolaire sera envisagé dans la longue durée, la théorie épistolaire de Gellert servant de terminus a quo et la correspondance entre Grass et Brandt de terminus ad quem. Il s'agira d'analyser divers types d'interactions entre privé et public par le truchement d’échanges de correspondances, et de s’interroger sur l'art de dialoguer dans l’intention de gérer ou de résoudre, par le recours à la plume épistolaire, les conflits d’idées ou les concurrences d’influences, ou encore dans l’intention de diffuser un savoir nouveau ou de promouvoir un code de valeurs en adéquation avec celui-ci. Du fait de ses stratégies plus individualisées, l’art épistolaire peut répondre à cette double volonté de dialoguer et de diffuser savoir et/ou valeurs. A preuve la théorisation de l’art épistolaire et son émergence dans l’espace public depuis le XVIIIe siècle, ou plus généralement la transformation voire le dédoublement du genre épistolaire par sa fictionnalisation,. A preuve aussi le renouvellement du genre par Heine qui, dans ses Lettres de Paris, rassemble et subsume les usages jusqu’alors distincts chez ses prédécesseurs, celui de transmettre des informations utiles à tous et celui de se servir de la lettre pour des épanchements de sentiments personnels. Il sera possible de se demander si, du fait des échanges entre épistoliers, authentiques ou fictifs, on assiste à une nouvelle construction du social. Ou d’examiner quelle était la fonction des allusions aux milieux intellectuels. Y a-t-il des liens avec des contextes conflictuels ? Philosophiquement et esthétiquement parlant, comment est-ce que les uns ont tenté, par leurs lettres, de se justifier face aux autres? On peut par exemple se référer à des lettres qui étaient d'abord notoirement destinées à un personnage situé dans son espace privé, repérable dans son milieu et sa fonction sociale, puis qui furent très vite imprimées et adressées à un destinataire hypothétique, lequel devient de ce fait un autre partenaire, le "public" au sens large. Que se passe-t-il lors de ce basculement ? Quelle que soit l’époque respectivement retenue par les contributeurs, il sera aussi envisageable d’inclure l’étude de correspondances entre de grandes figures intellectuelles et des autorités politiques : « miroirs de princes » épistolaires, à l’instar des lettres adressées par Schiller au prince de Augustenburg ; puis correspondances d’auteurs romantiques avec le roi de Prusse et ses conseillers ; ou encore lettres aux présidents et aux chanceliers .... Sans oublier les échanges se faisant entre auteur et éditeur, allant quelquefois jusqu’à déboucher sur des essais théoriques ; on peut citer ici les Briefe über den itzigen Zustand der schönen Wissenschaften in Deutschland de Nicolai et d’autres exemples jalonnent les siècles suivants. Ces lettres étaient-elles alors de simples succédanés de manuels de savoir-vivre voire de traités d’esthétique ou plus encore ? On peut aussi analyser des correspondances dont la vocation initiale était d'être lue à l'intérieur d'un cénacle, d’un groupe identifié (par exemple entre exilés dans les années 1830-1848 ou entre 1933 et 1945); une question qui se pose est alors, outre les débats sur des thèmes globaux et d’actualité, celle de leur vocation possible en tant que témoignages sur des souffrances particulières. De telles confidences étaient-elles de surcroit rédigées à l'intention de publics ultérieurs, pour des descendants, pour des générations qui les liraient en quelque sorte en différé ? Est-ce que les épistoliers thématisent en particulier leur statut de victimes ? de marginaux ? d’auteurs engagés ? Une autre approche pourra consister à inclure "la lettre ouverte" (et donc publique dès la première heure) qui enclenche une série de réactions individuelles. Et d’autres exemples de formes d'interactions épistolaires sont naturellement bienvenus. Nous vous serions très reconnaissants de bien vouloir envoyer vos propositions d’ici le 12 mai 2014 à : Françoise Knopper ( (fa.knopper@wanadoo.fr)) et Wolfgang Fink ( (wolfgang.fink@wanadoo.fr)) La publication des articles est prévue pour octobre 2015 après soumission à un comité de lecture.

Comité scientifique

Thomas Bremer (Halle) – Karl Heinz Goetze (Aix-en Provence) - Jacques Lajarrige (Toulouse) - Fabrice Malkani (Lyon) – Thomas Nicklas (Reims)

Date et lieu

Toulouse les 11 - 13 mars 2015
Publié le

Date

Délai

Documents

2015_03_11_epistolaire.pdf