Les deux Allemagnes face à la guerre d'Algérie (1954-1963)

Jusqu’au travail d’habilitation de Fritz Taubert, l’attitude de la RDA face à la guerre d’Algérie était perçue de manière surtout empirique. La position de Berlin-Est était en réalité plus nuancée et ses relations avec l’indépendantisme algérien plus complexes qu’on ne le pensait. Le séminaire portera sur la perception du conflit algérien par les deux Allemagnes et ses incidences sur leurs rivalités. L’internationalisation de la guerre conduisit à une implication allemande acceptée bien qu’ambiguë (RDA) ou contrainte (RFA) ; elle confronta les capitales allemandes à un conflit armé qui mit indirectement en jeu leurs intérêts et les plaça devant des problèmes endémiques (présence allemande dans la Légion étrangère, présence algérienne sur le sol allemand…) ou contextuels : trafic d’armes à destination de l’ALN, soutien aux algériens, voire présence de membres de l’OAS dans le sud de la RFA au début des années soixante.
Ce séminaire examinera la présence algérienne dans les deux Allemagnes, il étudiera la part de l’idéologie dans la gestion est-allemande de cette présence, les retombées des conceptions nationales de la RDA (rivalité avec la RFA, souci de reconnaissance internationale)… D’un autre côté on envisagera la part de la diplomatie dans la gestion de cette même guerre par Bonn, les problèmes politiques et juridiques qu’elle soulève, les pressions de Paris sur Bonn, mal perçues par une république souveraine, mais également les conflits d’intérêts qui résultèrent à l’Ouest de la guerre d’Algérie. Les rivalités allemandes se situèrent dans le cadre de la bipartition du monde et de la période de la décolonisation.