Soldats d’entre-deux 1914-1918 : Les identités nationales dans les témoignages des combattants des empires centraux

La question des nationalités, qui traverse toute la deuxième moitié du XIXe siècle européen, est généralement considérée comme l’une des causes principales de la Première Guerre mondiale. Or, tous les Etats belligérants ou presque sont concernés. Au sein des armées des Empires allemand et austro-hongrois, dits "multinationaux", coexistent des soldats de langues et de cultures parfois très différentes, toutefois appelés à mêler leur sang pour le même souverain. A la fin de la guerre, ces Empires éclatent au profit de nouveaux Etats nationaux, qui construisent le plus souvent leur identité nationale sur la base d'une contestation de la légitimité de leurs anciens Etats souverains. Ainsi, après avoir fait la guerre dans le camp des vaincus, des milliers d’hommes connaissent ensuite la paix dans celui, vainqueur, des Etats successeurs. C’est à ces « soldats d’entre-deux » et à la mémoire de leur expérience de guerre particulière que nous nous intéresserons.
L’historiographie des « Etats successeurs » des Empires disparus a longtemps insisté sur la forte conscience nationale des soldats issus des minorités, en minimisant du même coup toute fidélité dynastique et/ou loyalisme envers l’Etat constitué. La littérature française et polonaise des années 1920 et 1930 sont remplis de récits de désertion de soldats alsaciens et polonais de l’armée allemande, tandis que les études roumaines et italiennes mettent en scène des déserteurs transylvains ou tridentins fuyant l’armée austro-hongroise. A l’opposé, des groupements comme l’ « Institut des Alsaciens-Lorrains du Reich » diffusent une propagande inverse en publiant par exemple des souvenirs de combattants engagés volontaires pour le Kaiser et le Vaterland.
L’expérience combattante dans une armée désormais délégitimée étant devenue irrecevable dans leur nouvelle patrie, comment les vétérans peuvent-ils l’exprimer ? Quel est le poids de ces anciennes fidélités dans l'écriture de leur expérience de guerre ? Comment a évolué cette mémoire ? Cet atelier doctoral, tout comme la Journée d’études réunissant des chercheurs confirmés à laquelle il sera adossé, sera centré sur ces problématiques.
Afin d’apprécier la situation mouvante et finalement encore très mal connue des identités nationales en guerre, l’étude des témoignages de guerre laissés par ces hommes, élaborés pendant ou après le conflit, nous apparaît fondamentale. En prenant en compte les deux Empire centraux multinationaux que sont l’Empire allemand et l’Empire austro-hongrois, nous tenterons de proposer une approche résolument comparatiste, entremêlant d’utiles et indispensables études de cas nationales et des études transversales. Pour cela, et dans un souci de transdisciplinarité, notre atelier doctoral intéresse autant les sciences historiques (histoire de l'art comprise), que l’anthropologie, l’ethnologie, les études littéraires et germaniques, autant de disciplines capables d’enrichir notre étude autour de ces axes de réflexion, non exhaustifs : - la place des identités nationales dans les armées des deux Empires - la figure de l’ennemi dans le témoignage, celle du souverain, etc. - les traces de ces identités nationales dans la production testimoniale de combattants, entendue au sens large englobant tout moyen d’expression : témoignages écrits (journal de guerre, correspondance, mémoires, et toute forme de littérature de guerre produite par les acteurs eux-même), oraux/musicaux et iconographiques. Pour les témoignages écrits, on s’attachera notamment à comparer, lorsque cela est possible, les notes prises sur le vif et les souvenirs écrits plus tardivement (publiés ou non). - les rapports entre les témoignages et la construction d’une mémoire de groupe et d’une nouvelle identité Cet atelier doctoral et la Journée d’études consécutive constitueront le troisième volet d’un cycle d’études consacré à ces « Soldats d’entre-deux » entamé en 2012. Ce volet est consacré aux deux Empires centraux. Un volume réunira ensuite les contributions des doctorants comme celles des chercheurs confirmés.
L’atelier doctoral s’adresse aux jeunes chercheurs (doctorants, post-doctorants) en histoire, ethnologie, lettres et linguistique. Les frais de transport et d’hébergement seront pris en charge. Les langues de travail seront le français et l’allemand.

Date

Mercredi 19 novembre 2014

Lieu

Université de Strasbourg

Comité organisateur du cycle « Soldats d’entre-deux »

- Raphaël GEORGES, doctorant à l’Université de Strasbourg (EA3400 Arche). - Jean-Noël GRANDHOMME, maître de Conférences (HDR) à l’Université de Strasbourg (EA3400 Arche). - Ségolène PLYER, maître de Conférences à l’Université de Strasbourg (EA3400 Arche).

Contact et informations

Raphaël GEORGES (rgeorges@unistra.fr)

Modalités de candidature

Les propositions de communication (titre et descriptif de 300 mots maximum), accompagnées d’une brève notice biographique (situation actuelle, université, laboratoire et discipline de rattachement, sujet et directeur de thèse, liste des publications) doivent parvenir le

30 avril 2014

au plus tard à l’adresse suivante : (rgeorges@unistra.fr)
Les réponses du comité de sélection parviendront aux candidats le 15 mai. Atelier organisé en coopération avec l'Université de Strasbourg (EA3400 Arche)

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