La grenouille et le scorpion. Ou comment et pourquoi se souvenir de la RDA ?

En collaboration avec la MISHA Strasbourg

La République démocratique allemande n’a pas disparue avec l’intégration de son territoire et de sa population à la République fédéral. Elle demeure un pôle identitaire et un enjeux de débats politiques actuels. L’instrumentalisation de la mémoire de la RDA témoigne d’une guerre froide larvée, mais asymétrique, qui hante encore l’Allemagne et se transmet à travers les générations. La colonisation médiatique de l’espace publique par l’ouest n’a même pas laissé indemne les souvenirs les plus intimes des Allemands de l’est. Assujettis et porteurs de stéréotypes, ils peinent à faire reconnaître leur passé, avec des conséquences entre autres électorales. Cette présentation par Laurence McFalls, professeur titulaire de science politique à l’Université de Montréal et co-créateur de « l’anti-archive » numérique Open Memory Box, explorera les possibilités et les limites d’une tentative de raviver et réorienter les débats d’ Erinnerungskultur par le biais des images (é)mouvantes d’une collection de 415 heures de films de famille numérisés et des techniques de l’herméneutique numérique.

Intervenants

Intervenant : Laurence McFalls travaille en particulier à partir de films amateurs et a créé un site qui soutient son projet d’herméneutique numérique, Open Memory Box. Ayant, au cours des années 1990, surtout travaillé sur les problèmes politiques et culturelles relies à la réunification allemande dans le contexte de l’intégration européenne, il s'oriente depuis une décennie aux fondements théoriques, philosophiques et épistémologiques des sciences sociales, avec un intérêt particulier pour les œuvres de Max Weber et de Michel Foucault. Il a également ouvert, en collaboration avec Mariella Pandolfi du département d’Anthropologie, un nouveau champ de recherche et de réflexion sur les interventions militaires et humanitaires et les nouvelles formes de domination thérapeutique qui s’y sont développées. Fortement impliqué au Centre canadien d’études allemandes et européennes depuis sa création en 1997, il développe actuellement une école doctorale transatlantique sur le thème de la diversité en collaboration avec une vingtaine de collègues allemands et montréalais.

Discutant : Christian Jacques a soutenu sa thèse à l’Université de Strasbourg en 2004 sur le thème de "De l’invention de la germanité sudète. La revue Witiko (1928-1931)". Dans la continuité de ces problématiques, ses activités de recherches portent sur "les représentations du passé allemand en Europe centrale XIXe-XXIe siècles" et tout particulièrement sur le rapport des sciences, de la littérature et de la culture — dans une acception plus générale — au politique. La période de l’entre-deux-guerres en Tchécoslovaquie reste une de ses thématiques privilégiées. Ses recherches actuelles portent sur les approches muséographiques de ce passé et notamment sur l’analyse de l’ordre muséal des savoirs inhérente au "dispositif §96 de la loi sur les expulsés (1953)". L’analyse de l’évolution des concepts de "nation", de "nationalité", de "minorité" constitue un des axes principaux de son approche et de ses réflexions.

 

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amphithéâtre du Collège Doctoral Européen, campus Esplanade - Strasbourg