La police de sécurité allemande et ses auxiliaires en Europe de l’Ouest occupée (1940-1945)

Le colloque, organisé dans le cadre du programme « jeunes chercheurs » du CIERA et avec le soutien du Mémorial de Caen qui accueille la manifestation et de l´Institut historique allemand (Paris), s’inscrit dans le renouvellement des études conduites en Allemagne sur la police politique et le Reichssicherheitshauptamt (RSHA) en liaison avec les politiques d’occupation et de répression du régime nazi. Initié par les travaux de Klaus Mallmann et de Gerhard Paul, ce renouveau historiographique a été poursuivi par les recherches de Michael Wildt, mais également par les études sur la politique de maintien de l’ordre du Commandement militaire de Gaël Eismann, sur la répression contre les maquis de la Wehrmacht en France de Peter Lieb ou encore par l’ouvrage de Thomas Laub After the Fall : German Policy in Occupied France 1940-1944.
Cette dernière recherche conforte l’idée généralement répandue que la Sipo-SD aurait exercé une politique de répression plus rigoureuse et idéologique que les forces de police dépendant du Commandement militaire, plus soucieuses, quant à elles, d’exploiter économiquement les ressources du territoire pour des objectifs militaires. Or, le fonctionnement même de la Sipo-SD dans les pays occupés d’Europe de l’Ouest est encore mal connu. Le présent colloque tente ainsi d’apporter des éléments de réponses à certaines grandes interrogations encore en suspens : - Quelles compétences respectives ont joué leurs chefs K. Oberg, nommé tardivement au printemps 1942, et H. Knochen, chef du Befehlshaber der Sicherheitspolizei après le renvoi de son supérieur le général Thomas, suite aux attentats contre les synagogues en octobre 1941 ? - Quel rôle le RSHA a-t-il joué depuis Berlin dans la transmission d’ordres, notamment aux chefs de section du Befehlshaber der Sicherheitspolizei und des SD, le BdS ou police de sécurité et de renseignement ? Ce dernier, selon les termes de Knochen, aurait été largement indépendant, notamment pour les sections IV (Gestapo) et VI (étranger et contre-espionnage), tandis que lui-même minimise son rôle à la tenue d’un « bureau de liaison ». Si K. Oberg, en vertu des termes de l’ordonnance qui détaille ses compétences, est théoriquement assujetti au Commandement militaire qu’il rencontre chaque semaine, quelle forme a prise cette autorité ? Quelles en ont été les limites, notamment à l’échelle locale, dans les rapports entre les Kommandeure der Sicherheitspolizei und des Sicherheitsdienstes (KdS) et les Kommandanturen ? - Quelle est l’origine de ces membres de la Sipo-SD, quand on sait que les trois quarts d’entre eux étaient issus de la Geheime Feldpolizei, et qu’ils n’avaient donc ni l’expérience de la fonction policière ni la proximité idéologique avec le nazisme des adhérents de la SS ? Ces différences d’origine se traduisent-elles par un rapport à la violence différent et une autre culture de guerre que celle des anciens fonctionnaires de la Gestapo ou des officiers du SD en exercice à l’Est qui remplacent, à l’automne 1943, 13 des 17 KdS en poste en France ? - Enfin, le faible nombre de membres de la Sipo-SD – moins de trois mille membres – conduit à se demander comment la police a pu faire régner l’ordre avec de si faibles effectifs tout en laissant une terreur aussi prégnante dans la mémoire collective. Les rapports avec les forces de police française, puis la Milice, sont donc interrogés, ainsi que le recours croissant à des auxiliaires, souvent rémunérés directement par la Sipo-SD ou dont l’attachement était récompensé par l’octroi de relations commerciales privilégiées avec les troupes allemandes comme la création de bureaux d’achats. Qui sont ces auxiliaires ? Quel rôle ont joué l’idéologie, une éventuelle arrestation, ou l’appât du gain, dans le choix de servir d’indicateurs ou d’agents à la police allemande ? Quelles prérogatives ont-ils eues, notamment en termes d’actions exécutives ? La décision d’armer un service d’ordre au sein des partis collaborationnistes, à travers la Selbstschutz, a-t-elle permis d’en augmenter le nombre ? Si le cas français constitue le cœur du colloque, la comparaison avec d’autres espaces de l’Europe de l’Ouest occupée, y compris le IIIe Reich, permettra de mettre en lumière la singularité comme les spécificités de l’organisation de la police allemande en France. La situation en Belgique, parfois dissemblable entre la Wallonie et la Flandres, ou le cas des départements du Nord et du Pas-de-Calais détachés de la France, permettront de souligner analogies et différences afin de s’interroger sur l’existence, ou non, d’un modèle répressif dans les pays occupés occidentaux, qui se distinguerait du rôle du SD et des Einsatzkommandos à l’Est. Enfin, l’impact de la guerre sur le travail quotidien de la police en Allemagne, soumise à une baisse de ses effectifs enrôlés dans la Wehrmacht, et à de nouvelles tâches, comme la répression des étrangers de plus en plus nombreux, sera l’occasion d’étudier en parallèle les deux modèles répressifs dans l’Altreich et les territoires occupés. Ce colloque qui donne l’occasion à de jeunes chercheurs de présenter leurs travaux en cours ou récemment achevés se déroulera en traduction simultanée (français / allemand). Il est ouvert aussi bien aux universitaires qu’à un public plus large intéressé par ces questions.

Date

Jeudi 08 novembre 2012

Lieu

Mémorial de Caen (http://www.memorial-caen.fr/portail/) Pour s'y rendre : Prendre le tram devant la gare de Caen (ligne A direction Caen Campus 2 ou ligne B direction Hérouville St Clair) et descendre à l’arrêt St Pierre, puis prendre le bus ligne 2 en direction Caen La folie – Mémorial et descendre à l’arrêt Mémorial.

Contact et Organisation

Patrice Arnaud : (patricearnaud@yahoo.fr)
Fabien Théofilakis : (ftheo2@gmail.com) Entrée gratuite dans la limite des places disponibles, traduction simultanée français/allemand.

Publié le

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Documents

Programme-4.pdf , Argumentaire.pdf

Liens

http://calenda.org/223987