L’inscription spatiale des sciences et ses enjeux: expositions, dispositifs, architectures

Coordonné par/ organised by Andrée Bergeron (Centre Alexandre Koyré, Paris), Charlotte Bigg (Centre Alexandre Koyré, Paris), Jochen Hennig (Humboldt Universität, Berlin) Donner à voir les sciences, le faire dans des espaces clairement destinés à l’usage d’un large public et au travers de dispositifs et artefacts dessinés à cette fin, n’est assurément pas neutre. Les expositions universelles ou Uranias du 19e siècle, les musées des sciences tels le Deutsches Museum dans les années 1900, le Palais de la Découverte de l’entre-deux-guerres, ou l’Exploratorium des années 1960 attestent chacun de la volonté de promouvoir une conception particulière des sciences et de leur rôle, portée par des acteurs bien déterminés : des grandes figures de la science et de l’industrie du nouvel empire allemand, des acteurs de la structuration de la recherche dans la France des années 1930 au physicien interdit par le maccarthysme. La création de nouvelles structures, permanentes ou temporaires, pour montrer la science correspond à chaque fois une configuration bien spécifique qui implique la plupart du temps scientifiques, pouvoirs publics, vulgarisateurs, professionnels du monde de la muséologie et des expositions, medias et les publics divers qui les visitent. L’organisation spatiale des expositions, la disposition des artefacts exposés, mais aussi les architectures des musées ou structures temporaires pour montrer la science, leur inscription matérielle et symbolique dans le tissu urbain nous renseignent sur l’évolution des rapports entre sciences, politique de la science et vulgarisation. L’atelier rassemble historiens des sciences, du musée, de la ville, conservateurs d’expositions et historiens de l’art pour étudier et comparer quelques cas concrets de trois types d’espaces (l’université, l’exposition scientifique et technique, le dôme) et le contexte scientifique, social et politique de leur genèse. L’atelier vise à tirer profit et à contribuer aux renouvellements historiographiques récents qui ont permis de développer de nouvelles approches en histoire des sciences, de la muséographie scientifique et de la vulgarisation, notamment le corpus consacré aux cultures visuelles et matérielles qui caractérisent le travail et la communication scientifiques, ainsi que celui consacré aux lieux de science. Il a aussi l’ambition de créer un dialogue entre la dimension historique (19e et 20 siècles) et des questionnements très contemporains.

Programme

Lundi 26 mai 2014

10h -12h Visite commentée du campus Curie Visite en Anglais. Inscription préalable obligatoire avant le 1 mai 2014. 12h – 13h30 Déjeuner 13h30 Accueil et ouverture de l’atelier 14h – 18h Ce que l’architecture des universités nous dit des conceptions respectives de l’université, la science et la cité. Le design architectural ne se réduit pas à une question de contraintes techniques. Les bâtiments « font » et « disent» énormément sur les activités qu’ils abritent. Par voie de conséquence, l’architecture des universités nous dit beaucoup de la conception des sciences qui prévalait à l’époque de leur construction. Présidence : Andrée Bergeron (Centre Alexandre Koyré, Paris) - Carla Yanni (Rudgers university) Health, Space, and the City: Housing Women at Co-educational American Colleges (1890-1915) - Loic Vadelorge (Université Marne la Vallée) Equipements universitaires et villes nouvelles en région parisienne (1965-1975) - Volny Fages (ENS Cachan), Ronan le Roux (Université de Versailles-St Quentin) Réorganisations urbaines et transformations des pratiques de recherche scientifique : le cas du cluster Paris-Saclay - Friedrich von Bose (Humboldt Universität, Berlin) The cultural politics of exhibiting « other cultures »: spatial arrangements, geographical inscriptions, and the intricacies of museum making. The Berlin case. 19h30 Dîner

Mardi 27 mai 2014

9h – 12h Les expositions scientifiques et techniques dans et au travers des espaces nationaux. Dans quelle mesure le contexte local (et national) influe-t-il sur les expositions ? Que nous disent les éventuelles variations sur les capacités d’influence locales concernant la mise en scène des sciences et des techniques ? et sur les traditions locales (ou nationales) sur les conceptions des sciences et des techniques ? Les expositions internationales et universelles, les congrès professionnels internationaux, les expositions itinérantes ou les expositions traitant de sujets similaires dans différentes contextes nationaux nous fournirons les études de cas pour ce type d’approche. Présidence: Pascale Rabault-Feuerhahn (ENS-CNRS) - Christian Vogel (Humboldt Universität, Berlin) Gilbert Simondon at the exhibition. From ‘concrete’ to ‘abstract’ x-ray machines and the practice of showing at science exhibitions - Loic Charles et Yann Giraud (Ined, Université de Cergy-Pontoise) Social Science Museums in Europe and the United States (1903-1940): Utopia in the Age of Nationalism - Andrée Bergeron, Charlotte Bigg (Centre Alexandre Koyré, Paris) The Planetarium at the international exhibition of 1937 in Paris 12h – 13h30 Déjeuner 13h30 – 17h Les dômes, dispositifs spatiaux pour la mise en scène des sciences et de la modernité. Les dômes, comme le dôme novateur du planétarium Zeiss mis au point en 1920, mais aussi les dômes géodésiques de Buckminster Fuller qui se sont répandus dans le monde entier à la fin du 20e siècle, constituent des dispositifs spatiaux fréquemment utilisés pour mettre en scène les sciences. Les sciences astronomiques sont projetées sur la surface intérieure des planétariums tandis que les sciences et les techniques sont fréquemment présentées à l’intérieur de dômes à l’occasion d’expositions, comme Atom for Peace dans les années 60 ou encore le monumental dôme géodésique construit en 1967 pour le pavillon des États-Unis à l’exposition universelle Terre des hommes à Montréal et qui abrite aujourd’hui un musée de l’environnement : la Biosphère. Mais au travers de leur architecture et de leur aspect, visuellement unique dans le paysage urbain, ces dômes promeuvent une forme particulière de modernité technoscientifique, renvoyant au modernisme voire au futurisme. Emblèmes architecturaux permanents ou temporaires, ils offrent un espace où la vulgarisation des sciences rencontre la science-fiction. Ces dômes expriment dans leur matérialité concrète des configurations, réelles ou imaginées, de l’articulation entre sciences, techniques et société. Présidence : Jochen Hennig (Humboldt Universität) - Felix Sattler (Humboldt Universität) From Dome to Desk: The Staging of Science as a Spectacle of Sacrifice and Ressurection in Carl Gotthard Langhans Veterinary Anatomy Theater Pedro Raposo (Université de Lisbonne) Commanding the heavens: Conceição Silva (1903-1969), the Portuguese War Navy, and the Gulbenkian Planetarium in Lisbon - Sebastian Grevsmühl (Université Pierre et Marie Curie, Paris) Cultural history of Buckminster Fuller’s dome, materialized utopias and their uses in exhibitions - Lino Camprubi (Université autonome de Barcelone) Domes, models and silos as functional representatives of the Francoist state.

Lieu

Musée Curie, Paris

Date

26-27 mai 2014

Contact

Andrée Bergeron (Andree.bergeron@damesme.cnrs.fr)
Publié le