Une histoire croisée de l’ethnologie : Approche nationale et transnationale de l’histoire de l’ethnologie

Célèbre africaniste allemand, Leo Frobenius (1873-1938) fut à l’origine de la constitution d’un savoir ethnologique en Allemagne et l’un des inspirateurs des poètes et des théoriciens de la négritude, à l’instar de Léopold Sédar Senghor. En tant qu’ethnographe, il fut responsable de douze expéditions en Afrique entre 1905 et 1935, pendant lesquelles il rassembla d’importantes collections d’objets pour les musées d’ethnologie allemands. Pour sa fondation privée – Afrika-Archiv, plus tard dénommée Institut für Kulturmorphologie – il mit par écrit des poésies et des contes populaires issus de la littérature orale africaine, constitua une importante documentation visuelle et une collection exceptionnelle de copies d’art rupestre. Parce qu’elle se déroula en partie dans des espaces de l’empire français et en raison de ses contacts avec les milieux scientifiques et artistiques francophones, la carrière de Leo Frobenius permet d’aborder une histoire transnationale de la constitution du savoir ethnologique, notamment africaniste, en Europe dès la première moitié du vingtième siècle. Cependant, les traditions scientifiques et les contextes institutionnels se sont développés parfois de manière très différente en France et en Allemagne. En ce qui concerne l’ethnologie, il existe des intersections entre deux conceptions épistémologiques nationales, qui rendent intéressantes une exploration de leur histoire croisée. Cette approche permet également de mettre en relief les valeurs et les interactions à l’origine de l’émergence de ce savoir ethnologique, rompant ainsi avec les grilles d’analyses nationales de l’histoire disciplinaire. Elle montre comment des champs thématiques se sont influencés de manière parallèle, antagoniste ou en empruntant l’un à l’autre. Dans ce cadre sera particulièrement observée la manière dont le savoir ethnologique s’est constitué puis diffusé en Allemagne et en France, mais aussi comment il a été reçu en Afrique. Cette histoire croisée des savoirs doit également inclure le rapport à d’autres disciplines voisines comme l’histoire de l’art, la préhistoire, l’histoire des idées, ou les études de la poésie orale africaine. Ce programme de recherche s’inscrit dans la durée, proposant différents colloques portant sur l’histoire croisée de l’ethnologie à travers le prisme de la figure de Leo Frobenius, et donnera lieu à différentes rencontres pluridisciplinaires en France et en Allemagne. A l’occasion du centième anniversaire de l’université Goethe et du cent-quarantième anniversaire de Leo Frobenius, la première rencontre de Francfort s'est focalisée sur les multiples temporalités à l’œuvre dans la démarche de l’ethnologue allemand, qui se situe à l’intersection de plusieurs époques : celle des grands voyageurs explorateurs et celle des théoriciens de l’ethnologie dans un contexte de cristallisation du paradigme disciplinaire, celle de l’Afrique comme terrain colonial et celle de l’Afrique comme modèle d’inspiration culturelle, celle enfin du passage de l’objet comme trace d’une société « primitive » à celui d’une œuvre d’art capable de féconder la modernité artistique européenne.

Lieu du colloque

EHESS Lundi 16 juin 14h-17h30 Salle Lombard Mardi 17 juin 9h30-17h Amphithéâtre Furet 96 boulevard Raspail 75006 Paris

Lieu de l'exposition

Vernissage : 16 juin 2014, 19h Exposition du 17 juin au 22 juillet 2014 Goethe-Institut Paris 17 avenue d'Iéna 75116 Paris Entrée libre

Contact

Jean-Louis Georget ; Hélène Ivanoff (jean-louis.georget@institutfrancais.de) ; (ivanoffpc@orange.fr)
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