Les immigrés et leurs descendants au sein des institutions françaises et allemandes

Compte tenu de la persistance d’inégalités sociales et ethniques dans les sociétés allemande et française, la question de la place et de la participation des immigrés et de leurs descendants au sein de ces sociétés constitue un « objet sociologique » d’une importance toute particulière. Dans ces deux pays, la question de l’ « intégration » des immigrés et de leurs descendants à la société nationale a été construite comme une préoccupation sociétale sur laquelle non seulement les populations immigrées sont susceptibles d’agir, mais également les acteurs publics et les institutions. En France comme en Allemagne, un grand nombre de travaux s’intéressent à la dimension structurelle de l’intégration (trajectoires scolaires, participation au marché du travail) ou encore aux questions liées à la construction identitaire des populations immigrées et de leurs enfants. Les études traitant de la place de ces populations en tant qu’acteurs au sein même des institutions et de l’ouverture des institutions à la « diversité » restent, en revanche, rares. Malgré des conceptions et politiques d’intégration quelque peu différentes, la « promotion de la diversité » est devenue ces dernières années un axe d’action politique transversal en France comme en Allemagne, aussi bien dans la fonction publique que dans le privé. L’objectif de ces mesures est de pallier l’inégalité des chances et de témoigner d’institutions « aux couleurs de la société ». L’idée selon laquelle le personnel des institutions nationales devrait refléter la « diversité » de la population s’inscrit par ailleurs dans les mesures censées « favoriser l’intégration » des personnes issues de l’immigration. C’est le cas notamment des pratiques dites de discrimination positive qui connaissent une application différenciée en France et en Allemagne. Dans le contexte français, alors même que le principe républicain entre en contradiction avec l’idée de discrimination positive, quelques initiatives ont été prises afin d’accroître la représentativité des descendants d’immigrés et des minorités. Du côté allemand, la réforme de la loi sur la nationalité en 2000 a accompagné la mise en place de dispositifs d’ « ouverture interculturelle des administrations » visant explicitement à accroître le nombre de personnes issues de l’immigration dans les administrations publiques. Une retombée prévisible de ces nouvelles orientations politiques et de l’arrivée d’acteurs issus de l’immigration dans les institutions est la transformation des catégories et des perceptions. L’analyse de l’ouverture de l’institution policière ou scolaire aux minorités dites « visibles » peut, par exemple, permettre de s’interroger sur la perception de l’ethnicité et de la diversité au sein des institutions, mais aussi sur les reconfigurations des « frontières ethniques », leur atténuation ou encore, leur renforcement. La journée d'étude sur « La place des immigrés et leurs descendants au sein des institutions françaises et allemandes » s’inscrit dans le cadre des colloques « junior » du Centre interdisciplinaire d’études et de recherches sur l’Allemagne (CIERA). Il s’agira ainsi de discuter les travaux de jeunes chercheurs (doctorants et postdoctorants), en présence de quelques chercheurs confirmés. Les communications porteront sur la place des immigrés et de leurs descendants au sein des institutions (politiques, scolaires, policières, de soin, etc.), mais aussi sur les politiques publiques visant à améliorer l’accès de ces populations aux emplois dans ces institutions. Les propositions de communication qui privilégient la comparaison internationale sont les bienvenues, celles se restreignant au seul cadre national seront également étudiées avec attention. Les communications devront s’inscrire dans l'un des trois volets suivants : - Identification, analyse et évaluation des types de politiques de formation et de recrutement s’adressant spécifiquement aux personnes issues de l’immigration au sein d’institutions françaises et allemandes. Quelles comparaisons peuvent être faites dans ce domaine ? - Accès des immigrés et de leurs descendants aux emplois de la fonction publique. Quelles sont leurs conditions de travail et quel rôle joue leur statut de « minorités » dans leurs interactions avec d’autres acteurs et avec l’institution ? - Comment les questions de l'ethnicité et de la diversité sont-elles gérées et perçues par les institutions ou par les acteurs institutionnels eux-mêmes dans leur travail quotidien ? Dans quelle mesure les catégories et les frontières ethniques sont-elles déplacées, transformées ou réinterprétées suite aux mesures politiques visant à favoriser l’ouverture aux « minorités » ? Les auteurs sont invités à soumettre, pour le 10 janvier 2012, un résumé de 4000 caractères (espaces inclus) aux organisateurs, comprenant le titre de la communication, l'affiliation institutionnelle, la fonction (doctorant, post-doctorant, chercheur…) et le niveau de langue des intervenants en français, allemand et anglais. Le résumé devra mentionner notamment l’approche théorique et la méthode utilisée. Les propositions sont à envoyer à l’adresse suivante : (immigres.institutions@gmail.com)

Comité scientifique

Jérémie Gauthier (Centre Marc Bloch/Berlin & CESDIP)
Ariane Jossin (Centre Marc Bloch/Berlin & CRAPE Rennes 1)
Ingrid Tucci (SOEP/DIW Berlin & Centre Maurice Halbwachs/ERIS) Mots-clés

Lieu

Berlin (Allemagne) (Centre Marc Bloch - Deutsch-Französisches Forschungszentrum für Sozialwissenschaften, Friedrichstr.191, D-10117 Berlin)

Date limite

10 janvier 2012

Date du colloque

4 mai 2012

Contact

Ariane Jossin (immigres.institutions@gmail.com)

Publié le