La photographie comme médium, source et objet : échanges interdisciplinaires

Fotografie als Medium, Objekt und Quelle. Ein interdisziplinärer Austausch

[Deutsche Fassung im Anhang]

Organisée par le Centre interdisciplinaire d’études et de recherche sur l’Allemagne (CIERA) et le Zentrum für Antisemitismusforschung (ZfA), TU Berlin, avec le soutien de l’Université franco-allemande

Direction scientifique : Elissa Mailänder (Sciences Po/CIERA) et Ulrich Prehn (ZfA TU Berlin)

Il est difficile, aujourd'hui, de trouver une discipline en sciences humaines et sociales qui n'utilise pas la photographie comme source ou objet. Toutefois, une discussion entre historien.ne.s de l'art, ethnologues, historien.ne.s, sociologues ou encore spécialistes en sciences de la communication ou de l'éducation ferait rapidement apparaitre qu'ils exploitent tous ce matériel et en tirent des bénéfices si différents que leur discussion tournera fréquemment au dialogue de sourds. Les occasions d’un dialogue interdisciplinaire dans ce domaine n'existent d'ailleurs pratiquement pas.

Cette école d'été franco-allemande vise donc à donner un cadre à un dialogue riche et fécond entre chercheur.e.s de différentes disciplines, qui travaillent à la fois sur la photographie, comme genre, pratique, médium etc., et avec des objets photographiques (comme source/objet d'analyse).

Quel usage les différentes disciplines des sciences humaines, sociales, naturelles et juridiques, mais aussi les muséologues ou commissaires d'exposition font-ils de la photographie ? Quelles sont les principales distinctions entre leurs approches interprétatives et les contextes dans lesquels ils les emploient ? Dans quelle mesure certains genres (comme par exemple la photographie d’architecture, d'œuvre d'art, ou de scène de crime) peuvent-ils faire l’objet d’une lecture interdisciplinaire pertinente ?

L’objectif que nous fixons à cette école est donc de dresser une cartographie des différentes manières de faire et d’utiliser la photographie mais aussi les approches méthodologiques et les méthodes d'analyse.

À travers différentes disciplines et cultures scientifiques, toute une gamme d’approches interprétatives est à notre disposition. De France, d'Allemagne mais aussi de la Visual Anthropology anglo-américaine nous viennent des contributions importantes au débat théorique sur l'essence de la photographie. En nous confrontant aux fondamentaux méthodologiques et théoriques, l'objectif principal sera de travailler ensemble, de manière très concrète, sur l'élaboration d'une « boîte à outils » de l'analyse photographique.

Nous envisageons quatre grandes thématiques susceptibles de fournir des points d'ancrage à de nombreuses disciplines :

  • Représentations de soi et de l’autre dans les photographies et à travers elles.

On conçoit la représentation d'abord comme une image, faite pour être vue et qui se situe à la charnière entre sphère privée et sphère publique, pour autant, comme l’a fort justement souligné Habbo Knoch, «représentations » et « images » ne sont pas de simples synonymes aux yeux de la recherche sur les images. Alors que les représentations, au sens que leur donne en français l’historien Roger Chartier, peuvent fréquemment entrer en contradiction et en collision, particulièrement en ce qui concerne la représentation photographique de « soi » et de l’« autre ».

  • Photographies comme objets

La matérialité des photographies s’exprime, entre autres, par la variété des supports qui en assurent la transmission, par exemple sous la forme de tirages, de négatifs ou de photographies imprimées, qu'elles restent conservées dans la sphère privée (accrochées aux murs ou collées dans des albums photos), ou qu’elles soient exposées au public. Les photographies trouvent aussi leur utilisation comme techniques de visualisation en médecine, c'est le cas des échographies ou des radiographies.

  • Photographie et « textes »

Cette « technique » consistant à légender une image, au sens étroit du terme, pour lui rendre un sens univoque, est utilisée par celles et ceux qui travaillent avec la photographie, quels qu’ils soient : les archivistes, les conservateurs/trices, les journalistes, les juristes et officiers de police, les chercheurs – et bien sûr aussi les photographes eux-mêmes. Les lettres et les sciences de l’information et de la communication, qui se fondent sur une compréhension approfondie des textes, peuvent contribuer à ouvrir de nouveaux champs de recherche et élargir l'ensemble des outils et méthodes d'analyse.

  • Photographie et mémoire

La photographie est également une pratique de création et d’orientation de la mémoire, aussi bien individuelle que collective. Ce sont singulièrement les sciences de la culture qui ont mis en évidence la dimension de témoignage inhérente aux photographies (une dimension difficile à décrire et à décrypter), et qui lisent souvent les photographies comme des « traces ». Au contraire, la manière qu’ont les sciences juridiques et les sciences naturelles de lire une photographie souligne le caractère spéculaire du medium et fait intervenir la photo comme preuve, comme un relevé « réel » de traces (au sens littéral du terme). Les sciences cognitives et la psychologie (particulièrement la recherche sur le cerveau), explorent, quant à elles, la signification des images par rapport à la perception et à la remémoration humaines.

Cette école d'été franco-allemande vise donc à faire dialoguer des chercheur.e.s de différentes disciplines qui travaillent sur : les spécificités de la photographie comme médium, les pratiques en photographie, les modalités et contextes d'utilisation des photographies ou encore sur les photographies comme source ou sujet d'analyse.

Cinq jours offriront le temps nécessaire pour un échange méthodologique et interdisciplinaire afin de dégager des thèmes et champs de recherche centraux ainsi que des questionnements cruciaux, au regard des différentes approches et intérêts spécifiques des participant.e.s.

Déroulement/programme prévisionnel :

L'école d'été offrira aux jeunes chercheur.e.s la possibilité de présenter et discuter de leurs projets, lors de brefs exposés, dans un cadre international et interdisciplinaire. L'équipe organisatrice, au vu des répartitions thématiques et disciplinaires des participant.e.s, mettront à leur disposition les matériaux adéquats afin de travailler, en groupes plus restreints, sur leur contenu, leur portée analytique ou artistique. Ces exercices pratiques seront complétés par des discussions et apports théoriques d'experts invités.

Les participant.e.s auront l’occasion d’échanger de manière plus individuelle sur leur sujet de recherche avec des chercheur.e.s confirmé.e.s dans le cadre de tutorats personnalisés. Des conservateurs et conservatrices, artistes, commissaires d’exposition et archivistes viendront enrichir la discussion lors des séances plénières et durant le programme des soirées.

Public cible :

Cette école d'été s'adresse à de jeunes chercheur.e.s, doctorant.e.s, postdoctorant.e.s et éventuellement mastérant.e.s avancé.e.s de différentes disciplines. Le français et l’allemand sont les langues de travail. La maîtrise au moins passive de la langue du partenaire est attendue.

Modalités de candidature :

L'inscription se fait via un formulaire en ligne accessible depuis la page d'accueil du CIERA et est totalement gratuite.

  • Dossier de candidature :

Les candidat.e.s sont prié.e.s de transmettre un dossier composé d'un CV (max. deux pages), d'une lettre de motivation d'une page maximum ainsi qu'un court résumé de leurs travaux de recherche (max. 8000 signes espaces compris). Les dossiers doivent être envoyés en un seul fichier PDF à Isabelle Schäfer (isabelle.schafer@sorbonne-universite.fr) avant le 3 mars 2019.

Frais de participation et de déplacement :

Une participation de 50€ sera demandée aux participant.e.s.

L’hébergement au Moulin d’Andé (en chambre double) et les repas seront pris en charge par les organisateurs. Les frais de transport seront remboursés dans la limite de 120€ pour les participant.e.s venant  de France et de 170€ pour les participants venant de l’étranger. Le trajet entre Paris et le Moulin d’Andé  (A/R) se fera en autocar avec l’ensemble du groupe.

Comité scientifique :

Lucia Aschauer (EHESS/CIERA), Christophe Duhamelle (EHESS/CIERA), Nathalie Faure (CIERA), Karim Fertikh (Université de Strasbourg/CIERA), Uffa Jensen (ZfA/TU Berlin), Christian Joschke (Université Paris Nanterre), Elissa Mailänder (Sciences Po/CIERA) et Ulrich Prehn (ZfA/TU Berlin)

Contact :

Isabelle Schäfer
E-mail : isabelle.schafer@sorbonne-universite.fr
Tél.:01 53 10 57 36

Publié le

Public

Masterant.e.s
Doctorant.e.s
Post-doctorant.e.s

Date

-

Délai

Lieu

Moulin d'Andé, Normandie

Documents

CFP_photographie_2019_DE , CFP_photographie_2019_FR