Histoire et philosophie de la psychiatrie au XXe siècle : regards croisés franco-allemands

La journée d’étude que nous proposons a pour but de réunir des jeunes chercheurs autour du thème de la circulation des savoirs relevant du champ de la psychiatrie entre la France et les pays germanophones – Allemagne, Suisse alémanique et Autriche – tout au long du XXe siècle. La pluralité des approches disciplinaires et méthodologiques constitue le fil conducteur qui lie entre eux les participants de nationalités différentes (France, Allemagne, Italie, Autriche, Suisse). Les chercheurs impliqués dans cette initiative présentent en effet des projets de recherche qui – tout en partageant un intérêt à la fois historique et épistémologique pour la psychiatrie – se situent à la frontière entre histoire des sciences, philosophie et anthropologie. La psychiatrie est un champ du savoir qui se situe à la charnière de domaines et de « paradigmes » scientifiques différents. Tout au long de son histoire, elle s’est nourrie d’apports disciplinaires divers, qui vont de la philosophie aux savoirs médicaux, des sciences sociales aux sciences du vivant. Elle se présente donc comme un terrain problématique qui demande constamment un questionnement critique des diverses formes de rationalité qui y sont impliquées, de leurs différentes sources et enjeux. L’examen de son histoire et de ses développements, mais aussi des controverses actuelles, nécessite donc non seulement la convergence de compétences issues d’une pluralité de disciplines, mais aussi la confrontation de perspectives méthodologiques diverses. Notre colloque vise en particulier à évaluer la manière dont la circulation des connaissances et la rencontre de figures intellectuelles entre la France, l’Allemagne, la Suisse alémanique et l’Autriche ont nourri cette « discipline au carrefour de plusieurs sciences », pour utiliser les mots avec lesquels Georges Canguilhem a défini la médicine (Essai sur quelques problèmes concernant le normal et le pathologique, 1943). Il s’agira alors d’interroger non seulement les divers contextes de cet échange, les enjeux intellectuels et les matériaux qui, de manière parfois contingente, en ont déterminé l’histoire, mais aussi les sources et les fondements plus spécifiquement théoriques, qui ont rendu possible le transfert d’idées, de méthodes, de pratiques et aussi de techniques entre Zurich, Paris, Berlin, Heidelberg, Münsterlingen… tout au long du XXe siècle. Le travail conjoint des chercheurs qui contribuent à cette journée se présente en quelque sorte comme le reflet de cet espace géographique de frontière que fut le lac de Constance ou Bodensee, espace symbolique de délimitation mais aussi lieu de convergence entre des figures intellectuelles majeures de la psychiatrie européenne du XXe siècle : Hermann Rorschach, Eugène Minkowski, Ludwig Binswanger, Roland Kuhn, Henri Ellenberger, pour ne citer que quelques uns des acteurs au centre des questions soulevées dans notre colloque. Étant donné le caractère interdisciplinaire du projet, cette journée d’étude s’adresse à un public assez vaste : étudiants et chercheurs en philosophie et histoire des sciences, sciences humaines, psychologie, ainsi que les professionnels de la santé mentale.

Date et lieu

Mercredi 19 octobre 2016 École Normale Supérieure 24 rue Lhomond - salle L 361 (Département de Physique) 75005 Paris

Comité d’organisation

Elisabetta Basso (postdoc Université de Lisbonne et membre associée CAPHÉS UMS 3610, ENS, Paris) Emmanuel Delille (chercheur associé Centre Marc Bloch, Berlin et CAPHÉS UMS 3610, ENS, Paris)

Contact et informations

(elisabetta.basso@ens.fr) (emmanuel.delille@cmb.hu-berlin.de)

Avec le soutien de

Le Centre interdisciplinaire d’études et de recherches sur l’Allemagne (CIERA), dans le cadre des colloques junior CAPHES - Centre d'Archives en Philosophie, Histoire et Edition des Sciences Centre National de la Recherche Scientifique CNRS École Normale Supérieure - Paris Paris Sciences et Lettres - Research University Paris

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