Les mises en scène des sciences et leurs enjeux 19e-21e siècle

Colloque international organisé par Andrée Bergeron (Universcience/Centre Alexandre Koyré), Charlotte Bigg (CNRS/Centre Alexandre Koyré), Jochen Hennig (Humboldt Universität, Berlin), Lisa Regazzoni (Institut Historique Allemand/Goethe-Universität, Frankfurt am Main) avec le soutien du Centre Interdisciplinaire d’Etudes et de Recherches sur l’Allemagne, de l’Université Franco-Allemande, de la Région Ile de France (programme DIM IS2-IT), et de l’Institut Historique Allemand Le colloque proposé prend appui sur une série de manifestations organisées depuis 2012 dans le cadre d’un projet collectif international initialement soutenu par Centre Interdisciplinaire d’Etudes et de Recherches sur l’Allemagne (CIERA) : le projet Matières à penser. Les mises en scène des sciences et leurs enjeux, 19e-21e siècles. Donner à voir les sciences, le faire dans des espaces clairement destinés à l'usage d'un large public et au travers de dispositifs et artefacts dessinés à cette fin, n'est assurément pas neutre. Les expositions universelles ou Uranias du 19e siècle, les musées des sciences tels le Deutsches Museum dans les années 1900, le Palais de la Découverte de l'entre-deux-guerres, ou l'Exploratorium des années 1960 attestent chacun de la volonté de promouvoir une conception particulière des sciences et de leur rôle, portée par des acteurs bien déterminés : des grandes figures de la science et de l’industrie du nouvel empire allemand, des acteurs de la structuration de la recherche dans la France des années 1930 au physicien interdit par le maccarthysme. La création de nouvelles structures, permanentes ou temporaires, pour montrer les sciences correspond à chaque fois une configuration bien spécifique qui implique la plupart du temps scientifiques, pouvoirs publics, vulgarisateurs, professionnels du monde de la muséologie et des expositions, médias et les publics divers qui les visitent. Stratégies délibérées ou mises en œuvre révélatrices, les mises en scène des sciences tout à la fois témoignent signalent et contribuent à construire les rapports entre ces différents groupes d’acteurs. Ce projet se focalise ainsi sur l’analyse de l’articulation entre sciences, politique de la science et vulgarisation. Au-delà de l'affirmation que ces trois dimensions ont clairement partie liée, ce qui n’a pas suffisamment été pris en compte, l'originalité de la démarche réside également dans le choix des sources mobilisées en priorité : les artefacts, dispositifs, architectures… considérés comme la matérialisation, à un moment donné, d’une conception des sciences et de leurs rôles (social, culturel, économique et politique). Ainsi nous nous intéressons moins à l’histoire des institutions ou des politiques de la science et de sa communication qu’au produit des rapports de force en jeu, sans ignorer les difficultés, ambiguïtés et incertitudes que chaque mise en scène spécifique implique. Précisons encore que ce que l’on entend ici par « mise en scène » ne se restreint pas aux seuls musée et exposition (l’architecture, le cinéma, voire les récits sous toutes leurs formes y contribuent) et que rien ne paraît justifier d’exclure a priori les sciences sociales de l’interrogation. Bien au contraire, contraster les styles et problématiques spécifiques à chacune de ces formes ou chacun de ces champs disciplinaires nous semble à même d’aider à la compréhension des phénomènes en jeu. Il est également essentiel d’aborder cette question dans une perspective transnationale, qui permet de comparer les différentes traditions nationales au moment où certaines évolutions et politiques publiques se décident désormais à un niveau européen ou international. Comment par exemple les sciences sont-elles intégrées à des dispositifs de vulgarisation et de patrimonialisation dans des contextes nationaux qui conçoivent de manière radicalement différente le « patrimoine », « heritage », « Kulturerbe » ou « patrimonio » ? Le colloque a pour volonté d’inscrire les questionnements très contemporains liés aux mutations profondes qui affectent actuellement les institutions de recherche, d’enseignement supérieur et de médiation des sciences dans une perspective historique longue (19e et 20e siècles). On assiste par exemple à l'heure actuelle à un intérêt croissant des communautés scientifiques envers leur patrimoine et sa mise en valeur, comme en témoigne la multiplicité d'organisations récemment créées autour de ces questions. Cet intérêt croissant doit être mis en regard des profonds bouleversements qui touchent aujourd’hui les communautés universitaires et de recherche. Tout laisse alors à penser que l’on doit voir dans cette concomitance entre opérations muséales universitaires et restructuration de la recherche la manifestation contemporaine de la question que nous nous proposons d’étudier. Pour toutes ces raisons, ce colloque est interdisciplinaire, rassemblant des commissaires d’expositions scientifiques, des spécialistes de l’histoire des collections et des musées, des historiens des sciences et du design, des historiens de la culture, des spécialistes des politiques publiques de la recherche et de la vulgarisation présentes et passées. Les différentes sessions du colloque devraient permettre d’explorer ces questions soit sous la forme de panorama et de manière comparative sur une longue période, soit sous l’angle d’un ensemble d’études de cas localisées, très concrètes.

Programme

Mardi 5 mai

15h30-16h15 Allocutions de bienvenue par Thomas Maissen, directeur de l’Institut Historique Allemand et Wolf Feuerhahn, directeur adjoint du Centre Alexandre Koyré Introduction par Andrée Bergeron (Universcience/Centre Alexandre Koyré) et Charlotte Bigg (CNRS/Centre Alexandre Koyré) 16h15-16h30 Pause café 16h30-18h15 Conférence introductive Martha Fleming, University of Reading : Design and Diplomacy

Mercredi 6 mai

9h30-11h00 Modérateur : Charlotte Bigg Lisa Regazzoni, Goethe University Frankfurt : Histoires vues. Les monuments au service de l’histoire et des gouvernements en XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle José Lanzarote, Biblioteca Nacional de España, Madrid : Prehistory in a showcase. The musealisation of prehistoric cave art in Spain (1902-1936) 11h00-11h30 Pause café 11h30-13h00 Willliam Carruthers, European University Institute Florence: Making a Future for the Past: Visualizing the Archaeological Field in Nasser’s Egypt Ana Delicado, University of Lisbon: Between familiarity and discomfort: scientific dissemination in the social sciences in Portugal 13h00-14h30 Déjeuner buffet 14h30-16h45 Modérateur : Andrée Bergeron Jaume Sastre, chercheur (in)dépendant, Barcelone : From Inventor Workshops to Consumer Playgrounds: The Politics of Hands-on Display at the New York Museum of Science and Industry (1927-1939) Tatiana Kasperski, Centre Alexandre Koyré, Paris: Romantic Reactors? Nuclear Imaginaries in Russia and Ukraine in the Twenty-first Century Stuart W. Leslie, Johns Hopkins University: Atomic Structures: The Architecture of Nuclear Nationalism in India and Pakistan 16h45-17h15 Pause café 17h15-19h00 Agustí Nieto-Galan, Universitat Autònoma de Barcelona: ‘Starving’ in the public sphere: Hunger artists and scientific expertise in european cities (1880s-1920s) Sybilla Nikolow, Technische Universität Berlin: « Scientific still lives’ of the Body. New Objects of Knowledge in Exhibitions and Museums after 1900

Jeudi 7 mai

9h30-12h30 Grands projets d’exposition dans les universités contemporaines Modérateur: Jochen Hennig, Humboldt Universität zu Berlin 9h30-10h45 Humboldt-Forum, Berlin Sven Sappelt, Humboldt-Forum, Humboldt Universität zu Berlin : Conceptualizing the Humboldt-Lab - A public Space for designing knowledge production Godehard Janzing, Centre allemand d’histoire de l’art, Paris : Box, lab, castle: Why architecture matters 10h45-11h00 Pause café 11h00-11h45 Science Gallery, Trinity College, Dublin Michael John Gorman, Science Gallery International, Trinity College Dublin: Creative Collisions between Science and Art 11h45-12h30 The Hunterian at Kelvin Hall, Glasgow David Gaimster, the Hunterian, University of Glasgow: The role of the university museum in the communication of science research. Current practice and developments at the Hunterian, University of Glasgow 12h30-14h00 Déjeuner buffet 14h00 -16h30 Table ronde finale et discussion Modérateurs : Charlotte Bigg, Andrée Bergeron Robert Bud, Science Museum, London Dominique Pestre, EHESS Paris Daniel Sherman, University of North Carolina at Chapel Hill Brian Wynne, Lancaster University

Lieu

Institut Historique Allemand, Paris

Date

5 au 7 mai 2015

Contact

(Andree.bergeron@cnrs.fr) Entrée libre mais inscription préalable indispensable : (matapmai2015@gmail.com)
Publié le

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