Redonner une force militaire à l’Allemagne dans les années cinquante, même sans remilitariser, n’allait nullement de soi : entravés par les souvenirs (et l’amalgame) de la Wehrmacht et de la Waffen-SS, étiquetés peuple belliqueux, les Allemands se devaient de faire preuve d’une circonspection particulière dans ce domaine immédiatement générateur de méfiance. Pourtant Bonn estimait (à juste titre) qu’un Etat qui n’est pas en mesure de contribuer à sa défense ne pouvait être ni souverain ni en sécurité.
En fonction du contexte international, du souci croissant en particulier de l’Occident d’associer des soldats allemands à sa défense, Adenauer joua sur l’interaction des notions de « souveraineté » et de « sécurité », faisant de l’une une condition de l’autre.
Le jeu diplomatique se devait d’être subtil – en particulier dans des périodes telles que celle de la C.E.D. : animé en permanence de la crainte de l’Union soviétique, le chancelier ne se faisait aucune illusion quant à la capacité de quelques unités allemandes à résister à l’Armée rouge et à ses alliés. Dès lors il fut moins préoccupé de la dimension militaire de cette armée à laquelle il aspirait qu’à la composante politique et diplomatique qu’elle impliquait, la participation aux décisions concernant la sécurité occidentale. A l’intérieur la tâche n’était pas moins ardue : l’opposition, sensible au fait que la terre allemande serait la première touchée par un conflit Est – Ouest (qui aurait eu en outre immanquablement des allures de guerre civile allemande) et hostile à toute forme de discrimination, voyait dans l’intégration militaire de la République fédérale à l’Ouest un obstacle supplémentaire majeur au rétablissement de l’unité nationale. Cette crainte n’épargna pas même les rangs de la majorité.
La question de la naissance de la Bundeswehr dépasse ainsi de fait la stricte dimension militaire, même si elle l’implique. Les enjeux politiques et diplomatiques sont au moins aussi importants que les données stratégiques : les travaux du Amt Blank qui la précédèrent ou les débats sur l’accès à la puissance nucléaire qui la suivirent en font foi. En ce sens cette problématique s’inscrit pleinement dans le thème général du programme.
wanadoo.fr, 01 43 18 41 41
Dates
2 décembre 2006, 13 et 27 janvier, 2 et 10 février 2007, de 9h à 13hLieu
université Paris IV-Sorbonne, Centre universitaire MalesherbesContact
Jean-Paul Cahn, jean-paul.Cahn
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