Faire société / Ligaturen des Sozialen

Comment se fait-il qu’en règle générale la coexistence des êtres humains fonctionne sans heurts, qu’elle ne tombe pas dans le chaos et l’anomie ? Une réponse simple vient à l’esprit : l’ordre social – autrement dit, la société – est rendu possible par des institutions qui enregistrent des systèmes de sens et de valeurs supra-individuels, fixent les attentes et les actions de tous les acteurs sociaux et constituent ainsi des normes de comportements. Sans institutions, point d’ordre social ni de durée historique. Toutefois, l’analyse scrupuleuse ne peut se contenter d’examiner les institutions en tant qu’organisations formelles monolithiques, mais doit poser la question de « l’institutionnalité », c’est-à-dire les mécanismes institutionnels qui produisent des normes sociales communément acceptées, et donc du sens et de la durée. Ces normes sociales se caractérisent par le fait qu’elles se présentent comme évidentes, durables (voire immuables) et incontestées. Le chercheur ne doit pas s’en tenir à cette apparence première, ces normes constituant en fait généralement des constructions culturelles précaires et controversées. En effet, les ordres institutionnels ne demeurent jamais longtemps incontestés ; ils nécessitent des processus constants de refondation sociale et de relégitimation. Comment l’ordre social est-il donc possible, qu’est ce qui assure la cohésion d’une société ? Les débats que mènent les sciences sociales et culturelles sur la stabilité sociale révèlent qu’à la faveur d’un climat d’incertitude généralisée, des modèles interprétatifs et structurels anciens et que l’on prétend connaître, suscitent aujourd’hui un regain d’intérêt. « Le retour du religieux » donne lieu par exemple à des discussions passionnées. S’agit-il d’une renaissance quasi inévitable, dans la mesure où les sociétés occidentales, privées d’un tel fondement, se verraient menacées de disparaître ? Certaines thèses renvoient cependant, par-delà la religion au sens strict, à l’ensemble des discours et des pratiques « insondables » pour les acteurs sociaux, des manifestations de la théologie politique, de la religion civile aux succédanés de religion tels que le sport. Une tout autre forme de réaction face aux bouleversements et aux ébranlements de la culture occidentale est à trouver dans les théories politiques et sociales qui culminent dans le concept de « société civile ». Il va de soi qu’outre ces deux instances sociales régulatrices, d’autres puissances organisatrices, qui leur sont associées, font l’objet de débats, telles que le droit, institution contraignante censée domestiquer les conflits, ou encore la vision d’une société de simples citoyens interconnectés via internet. De tels discours font preuve de positions ambiguës quant à l’ordre à fonder, dans la mesure où tous s’avèrent plus ou moins porteurs de désordre, d’anomie et de conflictualité. C’est ici que s’amorce la ré-flexion de l’université d’été. Comment analyser l’émergence des sociétés ? Lesquels des liens sociaux suscitent un intérêt particulier de la part de la recherche et de l’opinion publique ? Les concepts et théories évoqués sont-ils nouveaux, sur quelles traditions se fondent-ils ? Est-il pertinent de faire appel à certains faits historiques dans une perspective comparative ou l’époque actuelle se distingue-t-elle véritablement par son incomparable « complexité » ? Quelles possibilités d’action offrent les représentations étudiées aux individus et aux groupes ? Peuvent-ils exercer une action directe sur l’ordre social et « faire société » ou sont-ils pris dans les rouages des grandes structures et des processus imposés par les liens sociaux ? Et enfin, quels effets produisent ces forces, qui bien que garantes de cohésion, déstabilisent la permanence sociale incarnée par les institutions ? Le séminaire s’adresse à des jeunes chercheurs et chercheuses issus de toutes les disciplines des sciences humaines et sociales : sociologie, histoire, philosophie, psychologie, anthropologie, géographie, sciences cognitives, histoire de l’art, musicologie, études littéraires, architecture etc. Afin de quadriller le champ, la manifestation s’organisera autour d’une série d’investigations transversales distribuées sur six sessions thématiques qui pourront donner lieu à des propositions, de la part des participants, portant sur des réflexions théoriques et/ou sur des études de cas : 1. Religion, religion civile, sécularisation, fondamentalisme : la religion comme « impossible » racine/fondement du social ? – les religions politiques – les mythes des origines – la religion de l’art – les religions de substitution – les contradictions de la sécularisation – la spiritualité au-delà des églises – le fondamentalisme religieux entre menace et marqueur d’identité – la tolérance de l’ambigüité) 2. Grands récits laïcs du social (mots-clés : lien social et anomie sociale – la force de rédemption du marché ? – confiance – discours du progrès – nouvelle conscience écologique – universalismes et droits de l’homme) 3. Les récits génétiques, entre inclusion et exclusion : les mythes des origines – les récits fondateurs du social – l’Europe entre inclusion et exclusion – les récits sur les origines entre identité locale, régionale, nationale et européenne) 4. Les promesses de la société civile – du village global au réseau mondial : la société citoyenne – bénévolat, philanthropie, engagement politique – intérêt particulier et intérêt général – bien commun et société civile – érosion des liens sociaux contre mise en réseau globale – densification/saturation de la communication) 5. Les nouvelles formes sociales : les ordres genrés – la famille – pluralité et diversité des modes de vie – reconnaissance – atomisation de la société contre nouvelles formes de solidarité – appartenance – inclusion) 6. Le processus de civilisation et la violence globale : sécurité et ordre social – processus de civilisation – monopole de la violence – guerre – criminalité – terrorisme – violences urbaines) Pour plus d’informations sur le programme scientifique et les sessions thématiques, veuillez consulter la version complète de l’appel à candidature ci-jointe.

Déroulement

Participeront au séminaire 24 jeunes chercheurs et chercheuses principalement doctorant(e)s ou post-doctorant(e)s (et éventuellement masterant(e)s), travaillant ou non dans une logique comparatiste, traitant ou non d’un terrain français ou allemand. Les langues de travail seront le français et l’allemand. Chacun s’exprimera dans sa langue de prédilection, mais devra être en mesure de bien comprendre l’autre langue. Les 24 jeunes chercheurs et chercheuses retenus (douze auteurs et douze commentateurs) seront répartis en binômes par le comité scientifique. Chaque session thématique sera ouverte par la communication d’un chercheur confirmé. N.B. : Lors du séminaire, les communications des auteurs ne seront pas présentées par eux-mêmes, mais analysées et discutées par des commentateurs !

Candidature

Vous pouvez choisir de candidater en tant qu’auteur ou/et en tant que commentateur. La procédure de candidature s’opère en 2 étapes :

1ère étape

Effectuer la demande en ligne en remplissant les 2 formulaires ci-dessous : - Enregistrement de la demande et renseignements personnels (http://www.ciera.fr/repertoire/web/gestion.php/demande?motif=demandes_d…) - Renseignements sur votre projet pour le séminaire (http://www.ciera.fr/limesurvey/index.php?sid=82857&newtest=Y&lang=fr)

2ème étape

Envoyer par la poste un dossier de candidature comprenant les documents suivants :

Pour les candidat(e)s "Auteurs"

- un curriculum vitae académique - une présentation du projet de recherche ou de formation (3000 signes espaces compris) - un résumé de la proposition de texte (3000 signes espaces compris).

Pour les candidat(e)s "Commentateurs"

- un curriculum vitae académique - une présentation du projet de recherche ou de formation (3000 signes espaces compris). Le dossier ne doit être ni relié, ni agrafé et adressé par la poste à Michael Werner (à l’attention de Virginie Ransinan).

Date du séminaire

10-14 septembre 2013

Lieu du séminaire

Moulin d'Andé (http://www.moulinande.com/index.php) (Eure, Normandie)

Date limite d’envoi des dossiers

17 février 2013 Frais de participation : 50 € (frais d’inscription et participation aux repas) à régler au mois de juin Les frais de voyage (train 2e classe ou avion billet tarif réduit) et de séjour sont pris en charge selon les modalités du règlement financier du CIERA.

Comité scientifique

Falk BRETSCHNEIDER (EHESS), Beate COLLET (Université Paris-Sorbonne), Gernot KAMECKE (TU Dresden), Jay ROWELL (Université de Strasbourg), Evelyne LAGRANGE (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Gerd SCHWERHOFF (TU Dresden), Hans VORLÄNDER (TU Dresden), Michael WERNER (EHESS/CIERA)

Contact et informations

Virginie Ransinan
CIERA
Maison de la recherche
28 rue Serpente
75006 Paris
Email : (ransinan@ciera.fr)
Tel. : 01 53 10 57 37
en coopération avec :
(http://www.sfb804.de/) (http://tu-dresden.de/)

|avec le soutien de
(http://www.dfh-ufa.org/?L=1)|
Publié le

Date

-

Délai

Documents

cfp_moulin2013_fcs_long.pdf , cfp_moulin2013_deutsch_lang.pdf , programme-6.pdf , brochure_du_moulin.pdf