Bologne et au-delà. Experts, entrepreneurs, usagers face à l’internationalisation des universités

Argumentaire

Ce colloque vise à étudier l’impact du cadre international et européen de réforme du système universitaire – et notamment du processus de Bologne – sur l’enseignement supérieur des pays ex-communistes d’Europe centrale et orientale, y compris l’Allemagne. À rebours des questionnements récurrents visant à déterminer le poids relatif des institutions comme la Commission européenne dans ce processus, une perspective alternative sera proposée. Celle-ci invite à interroger le processus dit « de Bologne » en orientant la focale vers ceux qui le fabriquent, qui l’interprètent et le vivent au quotidien. L’attention portera sur les experts qui circulent entre les champs académique, administratif, politique et l’espace institutionnel européen, mais aussi sur les représentants de la communauté académique situés sur le « pôle temporel » (doyens, représentants des conférences des recteurs, universitaires en charge de formations diplômantes). Ces derniers peuvent endosser la casquette d’expert en participant aux négociations ministérielles ou en contribuant à la rédaction de documents stratégiques tout en demeurant des « usagers » confrontés aux mesures proposées avec leurs contraintes, voire leurs contradictions. Le colloque s’attachera également à analyser les effets de cette politique sur d’autres « usagers » rarement étudiés dans la littérature existante - les étudiants et les universitaires situés sur le « pôle scientifique », pour voir à quelles conditions ceux-ci peuvent et doivent, ou non, ajuster leurs pratiques aux nouvelles contraintes et ressources fournies par le processus de Bologne (injonctions à l’internationalisation des cursus, prisme évaluatif et comparatif des formations offertes dans les différents espaces nationaux, « modularisation » des cours, compétition pour les ressources matérielles, etc.). Loin d’être univoque, le processus de Bologne vient s’ajouter à des transformations déjà amorcées depuis des années, notamment sous l’impulsion des organisations internationales telles que l’OCDE, le Conseil de l’Europe ou l’UNESCO, ou bien de différents acteurs philanthropiques investis dans la refonte des sciences humaines et sociales. L’articulation entre ces différents transferts transnationaux pourra être interrogée pour voir dans quelle mesure ils se complètent ou se renforcent mutuellement, à travers la circulation de schèmes de pensée, d’objectifs quantitatifs et qualitatifs ou encore d’instruments « techniques » pour la gestion de l’enseignement supérieur. Enfin, la politique d’harmonisation des systèmes académiques menée au nom du principe d’émulation et de la construction d’un espace européen de la recherche et d’un marché de l’enseignement supérieur qui soient « compétitifs » au niveau mondial, peuvent avoir pour effet d’accentuer les fractures entre les différentes parties de l’Europe. A ce titre, il sera intéressant de s’interroger sur l’impact de « Bologne » sur les espaces académiques de pays qui n’y participent qu’à la marge, notamment les pays adhérents et candidats à l’UE, mais aussi des pays voisins au sens large, voire même, plus récemment, des États non européens engagés dans des logiques convergentes avec « l’espace européen de l’enseignement supérieur » au titre des politiques de coopération internationale.

Les papiers doivent adresser au moins un des dimensions et des aspects suivants

- Sociologie des acteurs impliqués dans le processus de Bologne (experts, universitaires, etc.) - Analyse des transferts transnationaux de savoirs, d’instruments et indicateurs techniques, d’idées, etc. - Impacts directs ou/et indirects du processus de Bologne sur les « usagers » académiques (étudiants, universitaires, personnels administratifs…) - Effets globaux du processus de Bologne dans l’espace académique centre-est- européen (uniformisation vs. hétérogénéité, renforcement des hiérarchies symboliques et des rapports de dépendance et domination, etc.)

Calendrier prévisionnel

- date limite de réponse à l’appel : 15 décembre 2012 - sélection des contributions : 15 janvier 2013 - envoi des papiers : 15 mai 2013 Les propositions de contributions (une page) doivent être envoyées aux organisatrices du colloque aux adresses suivantes : (ioana.cirstocea@misha.fr); (dorota.dakowska@unistra.fr); (laure.neumayer@wanadoo.fr); (anja.roecke@sowi.hu-berlin.de); (carole.sigman@online.fr)

Date du colloque

20-21 juin 2013

Comité d’organisation

Ioana Cîrstocea (CNRS, GSPE), Dorota Dakowska (IEP de Strasbourg, GSPE), Laure Neumayer (Paris I, CRPS), Anja Röcke (Humboldt-Universität Berlin, Institut für Sozialwissenschaften), Carole Sigman (CNRS, Centre franco-russe de recherches en sciences humaines et sociales de Moscou) Organisé dans le cadre du projet « L’académie en chantier. Transformations des universités centre-est-européennes depuis 1989 » (programme de formation-recherche du CIERA).

Lieu

Maison Interuniversitaire des Sciences de l’Homme – Alsace (MISHA)
5, allée du Général Rouvillois
Strasbourg, France (67)

Délai

samedi 15 décembre 2012

Contact

Dorota Dakowska
(dorota.dakowska@unistra.fr)
Publié le

Date

Délai

Documents

colloque_bologne_et_au-dela.pdf

Liens

Compte rendu sur http://ciera.hypotheses.org