Questions d'échelles

La question de l'échelle d'observation a cristallisé, au cours de la dernière décennie, de nombreux débats en sciences humaines et sociales. Si, dans un premier temps, il a paru important de distinguer entre différentes échelles et de mesurer les effets de connaissance produits par l'introduction d'une observation à focale variable, il convient aujourd'hui de réfléchir davantage aux articulations et interactions entre les échelles, tant d'un point de vue empirique qu'analytique. Ce séminaire d'été vise, sur une base résolument interdisciplinaire, à faire le point sur les apports méthodologiques de ces débats et à en examiner les conséquences sur les travaux et enquêtes empiriques menés par les jeunes chercheurs. Dans cette perspective, nous envisageons de regrouper nos analyses autour de trois types d'échelle : - Des échelles spatiales qui vont du local au transnational, en passant par le régional et le national et qui intègrent aussi bien des dimensions politiques que culturelles ; - Des échelles temporelles qui embrassent aussi bien l'événement ponctuel que les grandes périodes de la longue durée et permettent de distinguer, entre autres, des régimes de temporalité intermédiaires spécifiques à certaines époques, cultures, sociétés ; - Des échelles sociales qui vont de l'individu à de larges formations collectives et comprennent toutes sortes de groupe sociaux, professionnels, sexués, mais également des institutions de taille variable. Cette répartition ne voudrait en aucune manière introduire une typologie. Il s'agira au contraire, au-delà de ces distinctions, d'analyser leurs interrelations et d'examiner de plus près la dynamique créée par une observation à échelle variable. Enfin, il importera de prendre en compte les effets de la variation d'échelle sur la stabilité des échelles elles-mêmes. Elle visera à les aider, dans le cadre d'une réflexion collective et pluridisciplinaire libérée de toute pression académique, à définir et présenter leur objet de recherche. Elle sera l'occasion pour eux d'aborder des questions essentielles auxquelles ils sont nécessairement confrontés dans leur travail : - Quel cadre spatial donner à son étude ? Comment combiner la précision d'une étude locale avec le souci de la représentativité ? Qu'est-ce qui prime dans l'identification d'une recherche : l'objet scientifique transversal abordé ou son inscription territoriale ? En d'autres termes, doit-on devenir un spécialiste de la région ou du pays sur lequel on travaille, ou ce cadre n'est-il qu'un terrain parmi d'autres dans une trajectoire de chercheur ? - Quelles limites chronologiques retenir dans une étude ? Peut-on, pour un objet économique, social ou culturel, échapper au cadre imposé par les transitions politiques ? Comment traiter un même objet dans la longue durée, alors qu'il se situe dans un contexte en évolution ? - Comment inscrire une démarche biographique individuelle ou collective dans l'espace social ? Doit-on s'intéresser à des personnages exceptionnels ou au contraire représentatifs d'un groupe plus large ? Quels concepts (classe, catégorie socio-professionnelle, profession, réseau...) utiliser pour définir une population cible ? Quelle méthode employer pour étudier ces groupes?

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