7. Travailler avec les sources statistiques

La statistique a constitué un mode de description et d’analyse des faits sociaux longtemps privilégié. Langage puissant d’objectivation de la réalité sociale, mais aussi d’établissement des fondements scientifiques des disciplines, elle est à l’origine de traditions reconnues en sociologie et histoire quantitatives. Si celles-ci ont connu dans les années 1990 un recul corrélatif à celui des approches macro-sociales des phénomènes sociaux, elles ont aussi été incitées à des renouvellements fructueux en proposant des modes de formalisation des comportements individuels (trajectoires, stratégie, déplacements, etc.), et une posture plus critique, prenant en compte les enjeux politiques et épistémologiques liés aux outils statistiques et à leurs usages (A. Desrosières). Il ne s’agit plus de voir la statistique comme un langage efficace fondant automatiquement la scientificité des énoncés et des résultats, mais de circonscrire le domaine de validité de la démarche statistique dans toute la palette de méthodes et approches conceptuelles des sciences sociales. Les travaux en histoire et sociologie des sciences nous aident aussi à concevoir la statistique comme un processus liant une série d’opérations visant à transformer les observations empiriques, un « terrain », dans une représentation chiffrée des faits sociaux. Loin de se résumer au calcul, les opérations élémentaires du travail statistique sont multiples et jalonnent tout le processus conduisant à la mise en chiffre (E. Brian) : collecter, agréger, coder, mettre en tableau et en série, comparer, etc. S’interroger sur les conventions de mesure, ouvrir les « boîtes noires » des indices statistiques, ce n’est pas simplement rompre le postulat réaliste de toute mesure, mais permettre au praticien du quantitatif d’envisager le couple réalisme/construction comme le moteur de sa démarche (B. Latour), et rendre ainsi féconde cette entreprise critique. Cet atelier propose donc aux jeunes chercheurs inscrits au CIERA une réflexion méthodologique autour de la démarche statistique, et les invite à présenter, sous cet angle, leurs propres recherches. Il est ouvert aux doctorants et post-doctorants qui ont recours à des méthodes statistiques dans leur recherche, à ceux également qui utilisent des chiffres comme argument ou illustration, ainsi qu’à ceux qui étudient l’histoire ou la sociologie de la statistique comme technologie politique. Les interventions sollicitées pourraient viser à répondre à l’une ou plusieurs des questions mentionnées dans l'appel à inscription ci-joint. *** L’atelier sera ouvert par l’intervention de deux chercheurs confirmés français et allemand dont les noms seront communiqués ultérieurement. *** Pourront intervenir doctorants et post-doctorants inscrits au CIERA. Toute candidature doit comprendre un CV scientifique et une proposition d’intervention d’une demie page environ, et sera à adresser à : Falk BRETSCHNEIDER
CIERA
Maison de la recherche
28 rue Serpente, 75006 Paris
bretschneiderImage retirée.ciera.fr

Date limite de réception des dossiers de candidature

23 mai 2008 Tous les doctorants qui ne souhaitent pas intervenir sont également invités à participer à l’atelier. Comme pour toutes les manifestations de son programme d’encadrement doctoral, le CIERA prendra en charge, à une hauteur forfaitaire et sous condition d’être inscrit au centre, les frais de voyage des participants.
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2008_06_06_statistiques.pdf , 2008_06_20_stat.pdf