Études réunies et présentées par Rolf Wintermeyer en collaboration
avec Corinne Bouillot
Si le mémorialiste de l’Ancien Régime, en rapportant ce qu’il a vu
personnellement, continue un discours autorisé et « public » qui repose
sur des usages et valeurs d’un monde encore largement perçu comme statique,
il y a virtuellement, pour l'autobiographe moderne, autant de mondes
qu’il y a de « moi privés » qui les disent et qui semblent ne pouvoir
s'affirmer qu’en s'opposant aux diktats de la société. Or, c’est le mémorialiste
d’Ancien Régime qui écrit pour ses intimes ou pour un cercle
restreint de semblables, tandis que l'autobiographe Rousseau s'adresse
d'emblée aux lecteurs de tous les états et à la postérité tout entière. Ce
paradoxe est au centre de l'interrogation de ce volume qui tente de mettre
en évidence, au fil des siècles et à des époques où les césures historiques
et les ruptures idéologiques favorisent la redéfinition des quêtes identitaires
collectives et personnelles, les multiples possibilités d'agencement
et les frontières plus ou moins marquées entre « moi public » et « moi
privé ».
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