Le merveilleux entre mythe et religion

Le merveilleux est un concept complexe, en raison notamment de son ancienneté dans le discours poétologique. L’éventail des approches est large en effet, selon qu’on envisage le thaumaston aristotélicien ou la « merveille » médiévale, les relectures du Stagirite à la Renaissance, la querelle du XVIIe siècle entre défenseurs des mythes païens hérités de l’Antiquité et partisans d’un surnaturel chrétien, les développements du conte sous des formes diverses – de Straparola aux perversions fin de siècle en passant par les traductions des Mille et une nuits, les fées « à la mode » française et les « fantaisies » hoffmanniennes et hoffmannesques –, sans oublier la célébration du merveilleux par les surréalistes, les résurgences de l’épopée médiévale dans la fantasy contemporaine ou encore le travail théorique entrepris dans la seconde moitié du XXe siècle pour contraster merveilleux et fantastique. La question croise ainsi, sans s’y réduire, celle de genres comme l’épopée ou le conte ; elle entre aussi, logiquement, dans les discussions sur la mimèsis et le vraisemblable, se liant éventuellement au problème de la bienséance, notamment dans le cas du théâtre classique. Par-delà ces différents aspects, le merveilleux peut être envisagé comme une catégorie esthétique générale, non exclusivement littéraire, renvoyant à la représentation de ce qui, selon l’étymologie, provoque étonnement et admiration : à l’origine, la « merveille » saisit l’esprit parce qu’elle s’inscrit au rebours de l’expérience ordinaire, tenant du prodige, de la magie ou du miracle. Les typologies médiévales et classiques, qui distinguent entre prouesse extraordinaire, sortilège diabolique et intervention divine, montrent qu’une telle échappée hors du domaine empirique est culturellement déterminée et s’élabore souvent par emprunt. Ce colloque interdisciplinaire se propose d’explorer la manière dont le merveilleux s’approprie plus particulièrement des éléments mythologiques ou religieux qui peuvent entrer dans une relation de complémentarité ou de concurrence, nourrir des discours normatifs ou subversifs, servir des enjeux orthodoxes ou ésotériques, et dont l’inscription peut aussi jouer comme critère de discrimination entre divers genres dans une perspective de théorie contemporaine. L’approche ne sera pas limitée au seul domaine littéraire : d’autres formes de représentation – textuelles, picturales, filmiques – y ont toute leur place. Il s’agira par ailleurs de confronter les aires culturelles et les époques pour tenter de dresser un panorama raisonné des problématiques rencontrées.

Comité d'organisation

Anne Besson
MCF en littérature comparée
annebessonImage retirée.free.fr Evelyne Jacquelin
MCF en études germaniques
evelyne.jacquelinImage retirée.aon.at

Langues

Français et anglais (avec résumé écrit distribué à l’avance)

Lieu

Arras

Date

25-26 septembre 2008
Publié le

Date

Documents

2008_09_25_merveilleux_preprogramme.pdf