L’espace rhénan, pôle de savoirs

La géographie, l’histoire et la géopolitique constituent cet espace rhénan, dont la partie la plus méridionale, l’espace EUCOR, sert de cadre au GIS « Mondes germaniques ». Structuré par le Rhin, façonné sur le plan juridique par les Romains, la Révolution française, Napoléon et la Prusse, imprégné sur le plan culturel par l’humanisme et la Réforme, marqué par l’expérience de frontières périodiquement déplacées, cet espace, caractérisé par sa qualité de vie et son attrait touristique, tient des échanges qui ont de tout temps eu lieu entre ses villes, sa cohérence dans la diversité. Le Rhin, cet « axe vivifiant » (Etienne Juillard) qui favorise le passage du modèle culturel scolastique vers la « nouvelle science » au XVè siècle, fait de Bâle le pivot des transferts depuis l’Italie. A l’époque où les érudits européens s’efforcent de retrouver « l’ordre secret du monde », la diffusion de leur science est favorisée le long du Rhin par l’imprimerie et une librairie active, par la constitution de bibliothèques, ces réservoirs de savoir. Si l’espace rhénan est alors un creuset d’où sortent des œuvres originales dans la pensée philosophique et religieuse, ainsi qu’en peinture, cette fermentation intellectuelle décline au XVIIè siècle, pour renaître au XIXè, autour de l’industrie et grâce à l’aménagement et à l’internationalisation du Rhin. C’est alors que se reconstitue cette « grande dorsale capitaliste » (Fernand Braudel), qui au XIVe siècle reliait Bruges à Venise, et qui aujourd’hui anime le paysage de ses raffineries, centrales nucléaires et de son industrie chimique. Dorsale capitaliste, mais aussi « Pfaffengasse », lieu de courants spirituels et mystiques, où les courants littéraires et philosophiques trouvèrent un lieu d’accueil, alors même qu’au XVIIIè siècle, les villes rhénanes étaient reléguées au deuxième rang à l’échelle des capitales européennes. Dans cette vallée, l’enseignement fut précoce : le Brisgau arrivait en tête des Etats autrichiens en 1781, avec un taux de scolarisation primaire de 69%. L’émulation, dans un rapport de concurrence de part et d’autre du Rhin frontière, fait qu’en 1810, c’est dans l’académie de Strasbourg que fut fondée la première école normale française. Au XIXè siècle, tandis que le conflit autour du Rhin passe des poètes et des chansonniers aux stratèges, la concurrence scientifique devient à son tour un enjeu politique. La « banane bleue », cet axe de la Mer du Nord à l’Italie, enrichi par les apports successifs de populations et les transferts culturels séculaires, présente aujourd’hui dans sa partie méridionale un paysage riche de traditions, qui concentre dans ses villes et ses universités un fort potentiel de savoir. « Laboratoire de l’Europe » sur le plan politique, cet espace combine les disciplines les plus anciennement établies avec l’actualité scientifique la plus récente : de l’hébreu aux nanotechnologies, des recherches destinées à l’application dans l’industrie à la pensée philosophique, il n’est pas un secteur du savoir qui ne soit représenté dans ce pôle qui fonctionne en réseau autour du Rhin supérieur. Programme (http://gis-mg.u-strasbg.fr/sites/3/File/ProgrColloque.pdf)

Date

12-14 juin 2008

Lieux

- Maison interuniversitaire des Sciences de l'Homme-Alsace, Strasbourg - Université de Haute-Alsace, Mulhouse

Contact

Magali Coudreau
Secrétariat et soutien à la recherche
GIS « Mondes germaniques »
MISHA - Campus de l’Esplanade
Rue du Général Rouvillois
67084 Strasbourg cedex
Tél : +33 (0)3 88 41 64 22
Fax : +33 (0)3 88 41 64 93
secretariatgis-mg.fr