Construction d’un canon littéraire et linguistique européen, de l’humanisme au XXIème siècle







Si l’existence d’un canon littéraire européen ne fait pas de doute, elle n’en est pas moins problématique. Car les différences multiples apparaissent, d’un pays européen à l’autre, d’une culture à l’autre, d’une tradition scolaire et universitaire à l’autre. Tout canon est redevable à de multiples présupposés institutionnels, le système scolaire, les académies, le pouvoir politique, le pouvoir religieux ; l’existence de corps de spécialistes voués à la canonisation ; la définition de valeurs esthétiques, éthiques et sociales qui fondent le canon ; une pensée symbolique de la littérature élevée au rang de discipline collective et sacrée ; l’établissement de rituels de canonisation, que ce soit l’exposition, la fête, les funérailles nationales, les projets européens dont l’action d’un Valéry à la SDN dans les années trente, par exemple à propos de Goethe, donne une excellente illustration. Le projet s’ancre ainsi dans une observation des pratiques diverses propres à chaque pays européen. Par exemple, tandis que l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, terres de la romanistique, construisent un canon dominé par de grandes figures individuelles transnationales, la France met en place un canon où les écrivains européens trouvent place dans un cadre séculaire dominé par des esthétiques et des poétiques. Le canon européen peut être analysé en termes d’histoire littéraire, institutionnelle et universitaire, mais aussi en termes de géographie : quels sont les centres littéraires européens ? Si en France, c’est Paris, qu’en est-il en Allemagne, en Italie, en Suisse ou en Pologne ? Qu’en est-il de ce canon lorsqu’il est confronté à des littératures nationales récentes, en espace francophone, belge ou suisse ? Le canon européen est ainsi un moyen de questionner la relation du continent européen au reste du monde, en deux temps cruciaux de la mondialisation, la décolonisation et l’ère des médias modernes, qui reconfigurent les cartographies littéraires nationales, continentales et mondiales. Le programme invite ainsi les chercheurs, jeunes et confirmés, à repenser la genèse même de l’objet de leur étude et à en penser la relativité, voire le caractère aléatoire.

Organisation

Didier

Etablissements

Établissement organisateur
Sorbonne Université - Lettres
Établissements partenaires
Albert-Ludwigs-Universität Freiburg, Université Toulouse-Jean-Jaurès, Rheinische Friedrich-Wilhelms-Universität Bonn, Université de Florence, Université de Varsovie - Uniwersytet Warszawski, University of Saint Andrews